À l'ère du numérique et du développement des nouvelles technologies, la lutte contre la manipulation de l'information constitue un enjeu démocratique majeur. Il était essentiel de braquer le projecteur sur ce phénomène et d'ouvrir ce débat de société, car tout débat a une influence sur la réalité.
Cette réalité, il fallait l'affronter immédiatement. Nous l'avons fait au moyen des articles 1er à 8, dont nous venons d'achever l'examen. Afin que cette lutte soit pleinement efficace, nous savons bien que la société tout entière doit être invitée à coopérer. Tel est l'objet des premiers alinéas de l'article 9. Toutefois, nous savons aussi que ce combat se joue très tôt.
L'intelligence artificielle, les algorithmes – ces machines apprenantes qui analysent nos comportements – ouvrent de formidables opportunités en matière de recommandation et de personnalisation des informations, mais dessinent aussi un possible enfermement dans un monde propriétaire où nos comportements seraient reproduits à l'infini, sans possibilité d'évolution, donc d'émancipation.
Le développement de technologies toujours plus inventives, notamment celles qui créent du « réel virtuel » – les deep fakes –, tendent à rendre le faux de plus en plus difficile à séparer du vrai. C'est donc bien notre propre logiciel, ainsi que nos propres aptitudes, qu'il faudra entraîner et éduquer si l'on veut développer notre capacité de discernement et de décryptage ainsi que notre esprit critique. Cet apprentissage doit être initié dès le plus jeune âge, à l'école, et se poursuivre tout au long de la scolarité, grâce à des outils pédagogiques adaptés à chaque étape éducative.
Cette conviction est partagée par le Gouvernement, notamment par M. le ministre de l'éducation et par vous-même, madame la ministre de la culture. Ainsi, vous avez annoncé le doublement du budget alloué à l'éducation à l'information, à l'image et aux médias dans les programmes scolaires. De surcroît, les entreprises de l'audiovisuel public participent à cet effort et développent des propositions concrètes en la matière.
Cette conviction, qui anime la commission des affaires culturelles et de l'éducation, est à l'origine de l'article 9 ter du texte, et plus généralement du titre III bis, proposé par notre rapporteur, Bruno Studer. Il place l'éducation aux médias au coeur de la lutte contre les fausses informations et prévoit plus particulièrement de renforcer, dans le cadre de l'enseignement moral et civique, la place accordée au développement d'un sens critique vis-à-vis des informations qui circulent en ligne, afin de mieux former les élèves à leur vérification.
L'éducation aux médias et à l'information constitue un réel facteur d'intégration, de responsabilisation et de cohésion sociale dans le monde hyperconnecté qui est le nôtre. Par conséquent, elle s'avère être une priorité contemporaine absolue.