Intervention de Benoit Rochet

Réunion du jeudi 21 juin 2018 à 14h35
Mission d'information sur le suivi des négociations liées au brexit et l'avenir des relations de l'union européenne et de la france avec le royaume-uni

Benoit Rochet, directeur général délégué de la Société d'exploitation des ports du Détroit. Stéphane Raison :

a souligné l'importance de la Côte d'Opale dans le trafic. Un tiers des conteneurs et des remorques qui relient le continent aux îles britanniques passe par le port de Calais, un tiers par Dunkerque et le tunnel et le dernier tiers, par les autres ports de la Manche, en France, et par les ports des Pays-Bas et de la Belgique. Les enjeux de volume sont donc extrêmement importants. Il y a également des enjeux de fluidité et de rapidité : la route courte est empruntée par de très nombreux poids lourds parce qu'elle est rapide. Or, le rétablissement des contrôles pourrait engendrer des queues importantes. Les parkings ne sont pas non plus une solution : si les chauffeurs perdent deux à trois heures sur un parking, ils se détourneront assez rapidement de cette route courte. Il s'agit donc d'assurer un passage rapide et fluide à l'export. À l'import également, les poids lourds qui rentreront sur le territoire de l'Union européenne devront subir des contrôles. Il a été question des contrôles douaniers mais ce n'est pas ce qui nous préoccupe le plus. Il faut que l'administration des douanes soit en mesure de disposer de certaines informations, ce qui soulève une question technologique. Nous avons finalement très peu d'informations aujourd'hui : nous ne savons pas véritablement ce qui transite par le port de Calais. De même, la Société des autoroutes du Mont-Blanc ne sait pas ce qui passe par les autoroutes du Mont-Blanc. Nous le savons quand même un peu plus qu'au Mont-Blanc car, le Royaume-Uni n'étant pas dans la zone Schengen, des contrôles d'identité sont opérés mais il n'y a aucun contrôle sur les marchandises – à part certains contrôles douaniers de sûreté. Aucune déclaration n'est faite a priori par les transporteurs. Les inspections vétérinaires et phytosanitaires sont, plus encore que les contrôles douaniers, un enjeu majeur. Or, si des recrutements ont été opérés au service des douanes, il faut en faire autant au sein du Service d'inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières (SIVEP). D'autre part, les pratiques de ce service sont un peu différentes de celles des douanes : il faut encore lui présenter des documents papier originaux, ce qui peut fonctionner pour des fruits exotiques ayant traversé l'océan mais pas lorsque le temps d'escale est de quarante minutes et le temps de traversée, d'une heure à une heure trente. Nous avons besoin de documents dématérialisés et d'échanger l'information.

Enfin, certains produits donnent lieu à un contrôle systématique. Si les douanes contrôlent entre 0,5 % et 1,5 % des marchandises, les produits d'origine animale ou végétale peuvent donner lieu à un arrêt systématique et donc entraîner une perte de temps. Les douanes seront présentes vingt-quatre heures sur vingt-quatre mais aucun SIVEP n'est ouvert sept jours sur sept vingt-quatre heures sur vingt-quatre alors qu'on en a tout prix besoin. Étant donné la nature du trafic, nous ne pouvons pas dire à nos clients de prendre rendez-vous et, s'il n'y a pas de place, de passer la nuit sur le parking en attendant le lendemain.

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