L'article 3 du projet de loi vise à inscrire à l'article 41 de la Constitution la règle selon laquelle sont irrecevables les propositions de loi et amendements de nature réglementaire, dépourvus de caractère normatif ou constituant des « cavaliers législatifs ». J'entends certains protester contre ce qui serait une « amputation » du droit d'amendement, alors que la règle proposée s'applique déjà, à bien des égards, au Sénat, ce qui ne paraît pas avoir entamé la capacité des autres parlementaires de la République à améliorer les textes. En 2015-2016, la règle y a été appliquée 110 fois, et 30 fois en 2017-2018.
Vous proposez de supprimer ces nouvelles dispositions, et donc d'en rester à une irrecevabilité facultative et centrée uniquement sur les dispositions de nature réglementaire. Je ne suis pas favorable au statu quo. Il faut savoir évoluer.
L'augmentation du nombre d'amendements déposés devant les assemblées est un phénomène connu : les chiffres sont dans mon rapport. Nul ne semble considérer qu'il s'ensuive une amélioration de la qualité du travail législatif ni de celle de la loi elle-même, bien au contraire.
Il faut, par conséquent, donner davantage de cohérence à l'ensemble formé par les règles de recevabilité de l'article 40 en matière financière et par celles de l'article 41. Il ne peut y avoir une irrecevabilité absolue face à une irrecevabilité facultative, sauf à compliquer encore un peu plus la compréhension et l'exercice même du droit d'amendement.