Intervention de Cecilia Wikström

Réunion du mardi 26 juin 2018 à 17h00
Commission des affaires européennes

Cecilia Wikström, rapporteure du projet de règlement Dublin IV :

L'Europe traverse actuellement une crise politique mais elle a déjà réussi à surmonter des tensions bien plus graves. Il est illusoire de vouloir se replier sur les frontières nationales alors que nous avons besoin d'un monde ouvert aussi bien pour les échanges économiques que pour répondre aux aspirations des citoyens européens qui aiment voyager et échanger avec d'autres cultures. Ceci dit, il ne faut pas non plus ignorer les craintes suscitées par la mondialisation et le souci de préserver une identité nationale. Ces considérations sociologiques ne doivent pas nous conduire à oublier des principes juridiques importants comme celui du non refoulement à la frontière de personnes en situation de vulnérabilité et qui doivent recevoir une protection internationale conformément à la Convention de Genève.

La situation politique dans plusieurs pays membres est paradoxale : le ministre de l'intérieur allemand exerce une sorte de chantage sur Angela Merkel, qui est seule responsable devant le Bundestag de la politique menée par son Gouvernement en matière migratoire. La Chancelière est ainsi sommée d'aboutir à un accord acceptable au prochain Conseil européen alors que la possibilité d'aboutir à un compromis dépend de facteurs complexes. De même en Italie, le ministre de l'intérieur Salvini paraît occuper seul l'espace médiatique pour une politique ouvertement anti-étrangers, alors que c'est le Président du Conseil italien qui devrait définir la stratégie migratoire de son pays.

Pour répondre à M. Mendes sur les chances d'aboutir à un accord au prochain conseil européen, je crains surtout que l'on aboutisse à une solution de façade, pour ne pas perdre la face, mais qui n'apportera aucune vraie solution pour mieux organiser les flux migratoires et soulager les souffrances de toutes ces personnes en errance depuis des mois.

L'Europe doit être lucide sur les défis qu'elle doit relever, les choix sont difficiles mais elle joue son identité et ses valeurs dans la manière dont elle gère cette réforme du droit d'Asile. L'Union européenne a trop longtemps privilégié les intérêts économiques avec le marché unique et la libre circulation et elle a oublié ce qui faisait le ciment entre les citoyens européens. À la question sur l'identité européenne, j'aurais envie de répondre, comme j'ai fait récemment à des jeunes : « L'Europe : c'est 507 millions de citoyens, unis dans la diversité. Ce n'est pas simplement un slogan. ». J'ai la conviction que dans un monde globalisé, il vaut mieux parler d'une seule voix au nom de plus de 500 millions de personnes, plutôt que de chercher à faire entendre vingt-huit voix nationales focalisées sur leurs spécificités.

Lors du prochain Conseil Européen, le Président Macron aura un rôle majeur pour affirmer haut et fort que l'Europe est la solution en matière migratoire et que nous devons, dans un sursaut, trouver les moyens d'avancer concrètement sur une réforme européenne du droit d'asile. Je regrette que les rapporteurs des sept textes du Paquet Asile n'aient jamais été conviés à des discussions lors des réunions du Conseil européen, alors que nous sommes des colégislateurs. Au sein du Parlement européen, nous avons élaboré des compromis difficiles, mais nous avions la volonté d'aboutir. Il faudrait retrouver cette même détermination au sein du Conseil européen.

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