Il n'est pas neutre. Il attaque de front toute une tradition historique centralisatrice française. Plusieurs de mes collègues me regardent du reste avec un oeil suspicieux.
Je tiens tout d'abord à préciser que la Corse vit cette réalité depuis des siècles tout en ayant une conception très ouverte : nous sommes fiers et heureux que des personnes viennent tous les jours se fondre dans notre communauté. C'est une formule agrégative.
De plus, dans notre esprit, cet amendement n'est nullement opposable à l'unité du pays.
D'après le Conseil constitutionnel, le peuple français est « une catégorie unitaire insusceptible de toute subdivision en vertu de la loi ». Le peuple français est un « concept juridique, » qui relève donc du droit et non de faits historiques et culturels. Or cette unité dans la citoyenneté n'est pas à nos yeux synonyme d'homogénéité du peuple : il faut tenir compte des réalités culturelles et géographiques concrètes dans les sentiments d'appartenance. Le peuple français est l'union de peuples divers dans l'exercice d'une souveraineté commune : telle est la réalité que nous voudrions voir inscrite dans la Constitution.