Monsieur Castellani, nous vous écoutons toujours avec attention, intérêt et respect. Comme vous le savez, le groupe La France insoumise vous a rejoint sur l'introduction d'un article relatif au statut particulier de l'île. La question que vous soulevez doit être considérée dans sa véritable dimension. Dans le vocabulaire républicain traditionnel, le mot « peuple » désigne l'ensemble des citoyens qui, parce qu'ils le décident en commun, déterminent la loi qui s'appliquera à tous. Dans le vocabulaire républicain, le mot « peuple » n'a donc jamais eu de signification ethnique ou culturelle. Le mot « peuple », pour un républicain, désigne ceux qui deviennent citoyens en formulant la loi et en l'appliquant.
Vous vous appuyez sur une autre définition du mot « peuple » : c'est la raison pour laquelle nous ne parlons certainement pas de la même chose en cet instant. Le mot « peuple » a, dans votre bouche, une signification culturelle. Il renvoie à l'usage en commun d'une langue.
Je vous ai toutefois entendu hier affirmer que votre position politique ne vise pas le démantèlement de la République française. Je connais suffisamment l'homme et le militant politique que vous êtes pour savoir que vous ne parlez pas en vain. Vous nous envoyez un signal : permettez-moi de vous dire que nombreux sont ceux qui voteront contre votre amendement sans, toutefois, voter contre la définition culturelle que vous donnez du peuple corse. Ils refusent simplement que le peuple français soit morcelé en autant de peuples.
Il n'y a qu'un cas où nous avons reconnu, quasiment à l'unanimité, l'existence d'un peuple autre que le peuple français, c'est celui de la Nouvelle-Calédonie, où il existait un fait colonial. Ce n'est pas ce que vous nous demandez. C'est pourquoi je vous demande d'entendre avec bienveillance notre refus de voter votre amendement. Je le répète : ce refus n'est pas la négation de votre définition du peuple, il est la réaffirmation de la nôtre.