… parce que le diagnostic est sans appel : malgré les progrès réalisés, notre économie continue de souffrir de plusieurs maux, qu'il faut guérir au plus vite, non seulement par des mesures ou des réformes, mais par des transformations en profondeur de notre modèle économique.
D'abord, le manque de compétitivité se traduit par une balance commerciale déficitaire depuis le début des années 2000. Il n'y a aucune fatalité à cela : voilà encore quelques années, notre balance commerciale était au même niveau que celui de l'Allemagne, alors que nous accusons aujourd'hui environ 60 milliards d'euros de déficit chaque année, contre plus de 240 milliards d'euros d'excédents allemands. Personne ne peut se résigner à un tel déséquilibre commercial entre la France et l'Allemagne, ni au déficit chronique de la balance commerciale extérieure française.
Ce manque de compétitivité tient à nos coûts de production – ce qui doit nous amener, d'ici à la fin du quinquennat, à baisser les impôts de production qui continuent à pénaliser notre économie, et notamment notre industrie. En outre, la compétitivité hors coûts est grevée par les retards pris en matière de digitalisation, notamment dans les PME, et de robotisation, en raison de l'idée fausse selon laquelle les robots détruiraient les emplois, alors que la réalité montre qu'ils aident à augmenter le volume de production et à créer des emplois et de nouvelles compétences. Je le rappelle, il y a 182 robots pour 10 000 salariés de l'industrie manufacturière en France, contre 340 en Allemagne.
Le deuxième défaut est notre manque de productivité. Notre économie doit moderniser ses capacités productives, accroître son effort en matière d'investissement et d'innovation. Seules les économies innovantes réussiront dans le monde actuel et celui de demain.
Enfin, la troisième faiblesse est la plus dommageable et la plus cruelle pour nos concitoyens : le chômage structurel reste trop élevé en France. Chacun devrait être animé d'une sourde révolte en voyant que notre taux de chômage plafonne autour de 8 ou 9 %. Nos dispositifs de formation, de qualification, d'apprentissage, ne nous permettent pas de réduire le taux de chômage structurel, trop élevé par rapport à d'autres grands pays européens ou d'autres grands pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques – l'OCDE. Chacun devrait être animé de cette même colère sourde en voyant, d'un côté, les millions de Français qui cherchent un emploi et, de l'autre, les milliers d'entreprises qui cherchent des conducteurs, des chauffeurs routiers, des soudeurs, des chaudronniers, sans les trouver, parce que nous n'avons pas su créer le système de formation et de qualification permettant de donner des emplois aux Français.