Ces propositions sont d'ailleurs issues, presque mot pour mot, des recommandations formulées par la Commission européenne à la France au mois de mai dernier, que je cite : « Unifier les règles des régimes de retraite », « Réformer le système d'enseignement et de formation professionnelle », « Simplifier le système fiscal », « Limiter les dépenses des collectivités territoriales » – et j'en passe !
Quel débat budgétaire pouvons-nous avoir si nous demeurons à ce point soumis au diktat de la Commission européenne ? Quelle souveraineté avons-nous réellement s'agissant du budget de la France ? Tailler dans les dépenses publiques, telle est votre spécialité, messieurs les ministres, mais chercher à accroître les recettes en prenant l'argent là où il est, ça, jamais !
Au demeurant, votre conception des déficits est à géométrie variable. Vous continuez à accorder des largesses aux plus fortunés du pays, ces « premiers de cordée » qui, contrairement aux alpinistes, n'échangent jamais leur place avec les autres. Et pour cause : le sort de ceux qui sont en dessous d'eux ne les intéresse pas ! Voyez comme la vie est douce, ces temps-ci, pour les 500 plus grosses fortunes de France : leur capital cumulé atteint cette année 650 milliards d'euros, soit près de deux fois le budget de notre pays – et ce chiffre a été multiplié par trois en dix ans !
Derrière les mots froids « réduction de la dépense publique », que vous employez sans arrêt, se dissimulent de lourdes conséquences pour nos concitoyens, leur pouvoir d'achat et leurs conditions de vie. C'est au nom de cette politique que nos retraités subissent la hausse de la CSG. C'est en raison de vos choix antérieurs que vous envisagez de taper dans le porte-monnaie des futurs retraités, par une réforme des pensions de réversion, de leurs bénéficiaires et de leur mode de calcul qui demeure floue.
En raison de vos choix, la France des villages va souffrir, avec des collectivités territoriales qui doivent maintenant baisser leurs dépenses de fonctionnement, pistolet sur la tempe, et réduire leurs aides à nos villes et nos villages ! En raison de vos choix, imaginons ces départements et ces villes encore plus abandonnés par l'État qu'ils ne le sont déjà, avec moins de services publics, moins d'écoles, de bureaux de Poste et de centres des impôts, moins de permanences de la CAF – Caisse d'allocations familiales – , de la CARSAT – Caisse d'assurance retraite et de santé au travail – et de la CPAM – Caisse primaire d'assurance maladie. Et que dire de ces régions qui perdront ici une ligne TER, là une gare fermée ou vendue, comme la gare du Nord achetée par Auchan ?
Les députés communistes vous proposent de débattre d'autres propositions afin de rendre du pouvoir d'achat aux Français. Nous vous proposons de redistribuer les richesses à ceux qui les créent de leurs mains et de leur sueur, et d'investir dans des services publics efficaces et humains. Dès le 1er janvier prochain, à l'issue du vote du budget pour 2019, nous pourrions commencer par rendre aux retraités leur pension, donc du pouvoir d'achat, diminuer la CSG et rétablir la demi-part fiscale des personnes seules ou veuves.
Messieurs les ministres, vous avez annoncé la suppression de 120 000 postes dans la fonction publique, dont 50 000 dans la fonction publique d'État, notamment dans votre ministère, monsieur Darmanin.