Comme il a été décidé, à juste titre, de ne pas le publier dans l'immédiat, il est à la fois le grand absent de ce débat d'orientation sur les finances publiques et cet « obscur objet du désir », sur lequel se fixent nos pensées pour démontrer aux incorrigibles sceptiques, en particulier au plus éminent d'entre eux, le président de notre commission des finances, que les promesses volontaristes de notre majorité en matière budgétaire seront tenues.
Nous faisons confiance au Gouvernement et à vous-même, monsieur le ministre, pour que le doux supplice de cette attente ne s'éternise point. Non que nous ne voulions à tout prix dévorer le précieux opuscule ; nous avons bien compris que ce n'était plus d'actualité. Nous partageons sans réserve la volonté du Gouvernement de ne pas emmêler les fils déjà complexes de l'écheveau budgétaire avec des propositions dont toutes n'ont pas vocation à devenir le viatique de l'action publique des prochaines années. Mais nous attendons avec impatience le dévoilement progressif des chantiers sur lesquels vous planchez encore et qui guideront la transformation radicale de l'action publique jusqu'en 2022, et au-delà.
À tout seigneur tout honneur, c'est vous-même, monsieur le ministre de l'action et des comptes publics, qui avez ouvert cette séquence décisive hier, en présentant une ambitieuse réforme des services de Bercy. Cette première carte abattue en augure une dizaine d'autres durant l'été, avant que ne retentissent les trois coups de la discussion budgétaire, en octobre prochain.
Une fois ce puzzle achevé, peut-être déciderez-vous de publier le rapport des experts, mais il y a fort à parier que cet effeuillage aura entamé le plaisir que nous pourrions ressentir à sa consommation.
Même si le capot n'est encore qu'entrouvert, nous n'ignorons rien du moteur qui s'y cache et qui, lorsqu'il tournera à plein régime, garantira à l'action publique à la fois vitesse et tenue de route.