Dans la longue série des tentatives inabouties de s'attaquer à la face sombre de l'action publique – son inefficacité selon les experts, son incurie pour le citoyen – , le sigle AP2022 fera oublier d'un coup RGPP – révision générale des politiques publiques – et MAP – modernisation de l'action publique.
Sa philosophie est, en effet, très différente. Les précédents programmes visaient en priorité des économies budgétaires, qui ne sont jamais venues ou si peu. Notre ambition est, au contraire, une transformation en profondeur de l'action publique, la contraction de la dépense en étant la résultante certaine. Nous ne sous-estimons pas l'audace que revêt cette inversion des facteurs ni l'inconfort qu'elle peut représenter pour vous, monsieur le ministre, responsable du bouclage budgétaire et qui, à ce titre, aux promesses d'économies futures préférerez toujours les preuves immédiates, sonnantes et trébuchantes.
Paradoxalement, ce sont nos ambitions sans précédent qui justifient de changer de logiciel pour garantir qu'elles seront réalisées. Dans notre univers public, jaloux de sa culture, je me contente de chuchoter que notre défi ressemble à s'y méprendre à celui auquel est en butte toute entreprise qui voit ses résultats plonger pour n'avoir pas compris assez tôt qu'elle sortait de son marché. Comptes dans le rouge et citoyens plus captifs que motivés : c'est exactement l'équation que nous devons inverser. Et pour y réussir dans la sphère publique, nous pouvons nous inspirer des démarches de transformation de toutes les entreprises. Systématiquement, celles-ci font du client la boussole du changement et reconstruisent leur modèle économique autour de sa satisfaction.