Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur général, mes chers collègues, dans sa stratégie budgétaire, le Gouvernement commet une faute lourde puisqu'il ne prévoit aucune mesure d'envergure visant le désendettement – cela a déjà été souligné en dépit des interventions des ministres. C'est une faute d'autant plus grave que notre pays a bénéficié d'une conjoncture économique très favorable et, donc, de contributions publiques supérieures à celles attendues.
Certes, vous multipliez les effets d'annonce, mais les faits sont têtus. Réfugiés derrière un jeu d'écriture comptable européen très accommodant, vous préférez maintenir une posture de déni face à tous les voyants qui virent au rouge vif : avertissements répétés de la Cour des comptes – la commission des finances a auditionné, la semaine dernière, M. Didier Migaud – et du Haut Conseil aux finances publiques, statistiques de l'INSEE, absorption de la dette de la SNCF, augmentation de 36, 9 milliards d'euros de la dette publique pour le seul premier semestre 2018. Vous pouvez remercier les collectivités locales qui ont diminué leur endettement, parce que l'ardoise de l'État tutoie les 41 milliards, après une année 2017 record en dépenses comme en prélèvements.
Telle est la situation, alors même que la suppression totale de la taxe d'habitation n'est pas encore financée ou l'est, si on se fonde sur les dernières informations, par un endettement supplémentaire, puisque le ministère a revu sa trajectoire 2019-2022 : il exclut désormais l'excédent proclamé pour la fin du mandat.
Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie, affirmait que les Français étaient drogués à la dépense publique. À l'épreuve des faits, son addiction personnelle a l'air d'être plus aiguë. Preuve chiffrée : la croissance de la dépense publique en 2017 s'est accélérée d'1,5 % en volume. Emmanuel Macron fait donc finalement moins bien que François Hollande, puisque le rythme moyen de la croissance de la dépense publique s'élevait entre 2012 et 2016 à 1,1%.