Nous comprenons mieux l'empressement du Président à inclure dans la réforme constitutionnelle l'amputation des débats budgétaires devant le Parlement.
Au demeurant, la dette n'est pas seulement un problème comptable, elle est avant tout une question de souveraineté nationale. Un pays englué dans sa dette peut-il faire des choix indépendants ? Il est prisonnier de la conjoncture, soumis aux influences des marchés et des banques et, comme nous l'observons malheureusement, insuffisamment puissant pour peser sur le cours de l'histoire.
Or, aujourd'hui, quelle histoire se dessine devant nous ? Nous sommes humiliés par les États-Unis et isolés en Europe. Nous sommes confrontés au défi environnemental, à la pression migratoire, à la lutte antiterroriste et à l'essor exponentiel et hégémonique des GAFA ou GAFAM – Google, Apple, Facebook et Amazon et Microsoft. S'y ajoute l'éventualité d'une nouvelle crise économique, qui n'est pas une hypothèse d'école mais juste une question de temps. Or nous ne sommes pas en état de l'affronter. Dans ce contexte, un pays lourdement endetté comme le nôtre peut-il prétendre jouer un rôle international ou, a minima, protéger ses concitoyens des conséquences les plus néfastes ? La réponse est évidente : non !
En outre, monsieur le ministre, vous avez la responsabilité de préparer l'avenir. Vous avez le devoir de laisser aux générations futures les moyens de faire leurs choix. Malheureusement, en choisissant un tel endettement, vous continuez à vous défausser sur elles.
Aussi, c'est avec beaucoup de gravité que je vous demande la vérité pour les Français : c'est de leur argent et de leur avenir qu'il s'agit ! L'argent public n'existe pas ; il n'y a que l'argent des contribuables. L'État n'a aucune autre source d'argent que l'argent que les gens gagnent eux-mêmes. Or la pression fiscale est à son comble. Vous ne pouvez plus faire les poches des classes moyennes sans les paupériser irrémédiablement, ni celles des collectivités sans casser les services de proximité et les territoires. Il vous reste les manoeuvres dilatoires que sont la vente de bijoux de famille – ce sujet a été évoqué par les orateurs précédents – et l'assèchement des organismes excédentaires. Et après ? Le seul salut réside dans la baisse des dépenses et les économies de gestion, notamment en redéfinissant le périmètre de l'intervention publique. Au leurre éculé du « dépenser mieux », il faut préférer l'efficacité du « dépenser moins ».
Sur tous ces sujets, vos engagements de 2017 n'ont pas été suivis d'effet. Dès lors, quelle crédibilité accorder à ce que vous ne manquerez pas de nous annoncer en octobre ? Allez-vous prendre sérieusement la mesure du problème de l'endettement ? Si vous ne faites pas ce qui s'impose, souvenez-vous qu'après le temps de l'urgence vient celui de la sanction et du sauve-qui-peut. Le sauve-qui-peut, monsieur le ministre, c'est la solidarité brisée, l'opportunisme débridé et la désertion face à la difficulté. Vous comprenez sûrement ce que je veux vous dire.