J'en viens à l'argument plus sérieux de M. Goasguen. Cher collègue, vous avez raison de dire que l'essence du principe n'est pas fixée par le texte, mais c'est souvent le cas et je préfère qu'on définisse une pratique plutôt que l'on spécule sur une essence. Ce que nous pouvons dire – et vous qui êtes un connaisseur de l'histoire, je suis sûr que vous abonderez dans mon sens – , c'est que la laïcité n'a pas été inventée dans un colloque par une série de sociétés savantes, mais au terme de trois siècles de guerres civiles, ouvertes ou larvées, qui ont d'abord opposé catholiques et protestants, puisqu'on avait l'habitude de persécuter sans autre forme de procès les Juifs de France. Cette affaire s'est terminée par la Grande Révolution et la décision de séparer les églises de l'État.
De cela, nous nous sommes trouvés fort bien, et nous l'avons étendu à tout le territoire de la République, à l'exception de la Guyane – qui n'en relevait pas à l'époque – et de l'Alsace-Lorraine, occupée par l'ennemi. Par conséquent, les descriptions faites par la loi suffisent pour dire ce qu'est la laïcité et pour établir deux règles affirmées dans la Constitution : pas de religion en politique – le chef de l'État n'a donc pas à dire qu'on a un besoin anthropologique de religion – , et pas de politique en religion. On n'a donc pas à organiser la religion : ou elle s'organise toute seule, ou elle n'est pas.