Intervention de Serge Letchimy

Séance en hémicycle du jeudi 12 juillet 2018 à 15h00
Démocratie plus représentative responsable et efficace — Avant l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy :

Je comprends l'intérêt de l'amendement de Maina Sage et abonde dans son sens, même si plusieurs propositions sont possibles en la matière. Nous avons vraiment le sentiment que ceux que l'on appelle de manière abusive « les départements et les régions d'outre-mer », c'est-à-dire ceux qui sont de l'autre côté de la mer – et l'on pourrait se demander qui est exactement de l'autre côté de la mer – , sont laissés pour compte.

Il nous semble que la contribution de ces peuples – j'emploie ce mot à dessein – et de ces pays au rayonnement de la France n'est pas prise en compte à sa véritable hauteur. Ils apportent en effet certaines valeurs à la République.

Ceux qui suivent nos débats – et en particulier les jeunes – savent-ils que 97 % des surfaces maritimes françaises se trouvent dans ces pays ? Ainsi donc, ce que l'on appelle « la mer hexagonale » ne représente que 3 % de ces mêmes surfaces.

Savez-vous, en outre, que 80 % de la biodiversité française – qui représente, en raison de son potentiel en matière d'innovation et de recherche, l'or vert de demain – se trouve dans ces mêmes pays ?

Préserver des significations symboliques résiduelles de la colonisation et conserver des termes qui rejettent à la périphérie des citoyens qui veulent être au coeur même de leur propre identité me semble à la fois très abusif et très dangereux. Cela revient à les marginaliser, comme ils le sont de manière générale dans la société française. Qu'on le veuille ou non, la France est un pays qui a colonisé et qui, de ce point de vue, a conservé une mentalité extrêmement spécifique que l'on n'a pas encore extirpée.

Il faut donc absolument sortir de la Constitution tout ce qui pourrait marquer l'infériorisation et l'infériorité des peuples d'outre-mer.

Je suis, en ce qui me concerne, plus favorable à la dimension de la dignité humaine qu'à la dimension géographique. J'espère que tout à l'heure, nous allons pouvoir adopter quelques amendements qui nous permettraient, dans un contexte de progrès et de partage, de nous émanciper également par nous-mêmes et pour nous-mêmes.

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