Monsieur le président, je demande un scrutin public sur cet amendement. Je ne crois pas à la théorie du ruissellement territorial. Je suis ringard, et je l'assume ! Je crois au concept de l'État qui protège, qui prend soin, qui veille à un aménagement équilibré du territoire et qui le fait avec le souci que la République soit présente partout et pour tous. Force est de constater que ce qu'ont rapporté nos collègues ultramarins est bel et bien réel. Je le sais en effet, pour accueillir à Dieppe, depuis de nombreuses années, deux cents jeunes ultramarins en formation. Les témoignages dont on m'a fait part se vérifient chaque année un peu plus.
Par ailleurs, je mesure à quel point les discriminations territoriales, y compris ici, dans cette assemblée, dans la loi de finances, dans la présence variable de l'État, dans la manière dont il renonce à ses fonctions régaliennes, en termes de présence territoriale, sont de nature à aggraver la fracture territoriale, les inégalités territoriales et, au bout du compte, à faire en sorte qu'il y ait plusieurs France : l'une qui a accès au banquet de la nature et aux parts du gâteau et l'autre, exclue du banquet de la nature et privée du gâteau. Il suffit de voir comment sont prévues, dans la loi de finances, les dotations globales de fonctionnement – les DGF. Ces discriminations, qui divisent, sont gravées dans le mode de fonctionnement de la République. Tel est le sens de cet amendement : veiller à ce que la loi suprême, la loi fondamentale, nous protège, y compris contre nous-mêmes, lorsque les politiques publiques ignorent, abandonnent voire humilient des territoires.