Il s'agit, vous l'avez bien compris, du droit de vote à seize ans. Vous nous objectez que nous dissocions l'âge du droit de vote et la majorité. Il existerait alors deux sortes de droits, liés à ces deux états. Mais il existe déjà d'autres droits qui ne sont pas attachés à la majorité : un jeune de seize ans peut exercer l'autorité parentale ; il peut être émancipé et, de ce fait, exercer toutes les responsabilités d'un majeur ; il peut voter aux élections prud'homales. Par conséquent, la mesure que nous proposons crée bien une situation nouvelle, mais pas si nouvelle que cela puisqu'elle est préfigurée en partie par celles que je viens d'évoquer.
En inscrivant cette différence dans la Constitution, on en établit le caractère constitutionnel. Ce n'est donc pas l'argument de l'inadéquation juridique qu'il convient d'invoquer.
En revanche, il n'a pas été répondu à l'argument de Bastien Lachaud selon lequel, étant donné ce que devrait être, en tendance et vu l'évolution entamée, le corps électoral dans les prochaines années, nous avons intérêt à abaisser l'âge du droit de vote à seize ans pour y faire entrer 1,5 million de jeunes sans modifier leur condition personnelle, notamment le fait qu'à seize ans, on n'est pas responsable pénalement de la même manière qu'à dix-huit – et alors ? Le Président de la République vient d'annoncer qu'une personne présentant un handicap mental et placée sous tutelle pourrait voter, mais un jeune qui n'est pas dans cette situation ne le pourrait pas ? Cette différence est une forme d'incohérence.
Abaisser l'âge du droit de vote à seize ans, est-ce une bonne ou une mauvaise idée ? Voilà la question ; le reste, c'est un peu de l'amphigouri !