Le sujet est important, et nous allons nous y attarder un peu bien que nous ayons déjà dépassé l'heure à laquelle nous aurions dû interrompre nos travaux.
Le choix des mots est important car ils véhiculent une idéologie précise. La Constitution actuelle a été rédigée à peine quatorze ans après que les femmes ont obtenu le droit de vote. À cette époque, les femmes mariées ne pouvaient toujours pas travailler ni ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de leur mari. Il était alors sans doute utile de préciser que le corps électoral est composé de « tous les nationaux français majeurs des deux sexes » car il fallait entériner l'égalité des droits civiques entre les femmes et les hommes. Cette avancée devait être inscrite dans la norme suprême afin qu'aucun réactionnaire ne puisse imaginer revenir en arrière.
Nous n'en sommes plus là, heureusement. Aujourd'hui, qui pourrait encore contester le droit de vote des femmes ? Aussi ne ferait-on que moderniser la Constitution en remplaçant les mots « tous les nationaux français majeurs des deux sexes » par les mots « toutes les personnes majeures de nationalité française ».
L'identité sexuée est-elle vraiment pertinente dans l'exercice politique ?