Sans le Parlement, nous ne réformerons pas la France, pas plus que nous ne relancerons l'Europe.
Plus que jamais, compte tenu de la situation allemande, le sort de l'Union dépend de celui de la France. Ce quinquennat est peut-être celui de la dernière chance, à la fois pour notre pays et pour l'Union européenne. Tout laisse à penser que, si nous échouons aujourd'hui, la France pourrait demain connaître le sort de l'Italie, et l'Europe, voler en éclat.
Depuis le traité de Rome, jamais la construction européenne n'a été autant menacée. La pérennité même de l'Europe d'après le Brexit est remise en cause par la montée des peurs identitaires. Réussir signifie donc aussi faire sortir l'Europe de l'impasse.
La crise européenne, qui se confond maintenant avec celle des migrants, est aiguë. Mais, comme par le passé, nous ne la surmonterons qu'avec des propositions audacieuses.
Le Président Emmanuel Macron a fait campagne sur le thème de « l'Europe qui protège » – la formule nous convient. Une Europe qui protège, c'est une Europe qui coordonne ses politiques migratoires. À ce titre, même si l'accord du 29 juin est encore un compromis fragile et flou, il est encourageant. Il prouve que l'Europe a encore de la ressource, mais il en faudra plus pour qu'elle devienne l'Europe qui protège.
Une Europe qui protège, c'est aussi une Europe dotée d'un modèle assumé, d'un budget accru, d'une fiscalité harmonisée et d'une armée qui lui soit propre – cette Europe que Simone Veil appelait de ses voeux. Même si un bel hommage vient de lui être rendu au Panthéon, la meilleure façon d'honorer la mémoire de Simone Veil est de relancer la construction européenne.
Monsieur le Premier ministre, le Président de la République a ouvert de nombreux chantiers et fixé de nombreux objectifs. Vous avez désormais une lourde responsabilité, celle de tracer le chemin et de nous convaincre, par les propositions et par les actes, que les ambitions généreuses que le Président a affichées sont fondées.