La fraternité ne se confond pas avec l'angélisme. Elle est un acte volontaire, ambitieux et complexe. Si Jaurès disait que, pour la République, il fallait de la confiance et de l'audace, nous pourrions dire de même de la mise en oeuvre de la fraternité.
Une nation qui a confiance en elle-même et qui se projette avec audace n'a pas peur de la fraternité, bien au contraire ! Si la fraternité souffre aujourd'hui, c'est peut-être parce que la France a perdu confiance et audace.
Mes chers collègues de la majorité présidentielle, depuis votre arrivée aux responsabilités, votre leitmotiv est la liberté, quel qu'en soit le coût : vous voulez libérer, libérer l'épargne avec la suppression de l'ISF, libérer le travail avec les ordonnances Pénicaud ou encore libérer le logement.
Nous aussi, nous aimons la liberté. Nous l'aimons avec la force que lui donne le triptyque de notre devise républicaine. Nous l'aimons pour toutes et tous. Or, en oubliant la fraternité, vous dévoyez la liberté : vous la réservez à un petit nombre de Français.
Ce congrès de Versailles ne sera utile à notre pays que s'il permet un sursaut autour de la fraternité pour assurer la cohésion de notre nation. Parce qu'ici, à Versailles, nous nous sentons, peut-être encore plus qu'ailleurs, les héritiers de celles et ceux qui ont créé la France que nous connaissons aujourd'hui, de celles et ceux qui ont rompu avec le pouvoir d'un seul qui décidait pour toutes et tous. Il est de notre responsabilité absolue de traduire pour le destin de notre pays ces valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, qui sont constitutives de ce que nous sommes.
Mes chers collègues de la majorité, ne prenez pas vos ordres auprès d'un pouvoir qui se voudrait monarchique.