En affirmant, comme il l'a fait, que l'État est laïc, mais que la société ne l'est pas, il s'est livré à une distinction inexacte, car il a confondu laïc et athée. Or la société est le lieu de la pluralité des convictions spirituelles qui rassemble athées, agnostiques et croyants. Pour que la société les fasse vivre ensemble paisiblement, il faut qu'elle réponde aux exigences de la laïcité qui unit tout le peuple.
Cette unité indivisible doit, plus que jamais, se fonder sur trois principes : la liberté de conscience et non pas la simple tolérance, l'égalité des droits sans distinction ni hiérarchie des convictions spirituelles, et l'intérêt général, c'est-à-dire une puissance publique consacrée au seul bien commun.
Affirmer, comme il l'a fait que la « [… ] la laïcité n'a certainement pas pour fonction de nier le spirituel au nom du temporel, ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens », revient à imputer à la laïcité une position qui n'a jamais été la sienne. L'émancipation laïque ne veut pas nier la vie spirituelle. Au contraire, elle rend possible sa libération et son pluralisme en l'affranchissant de toute censure théologique ou politique.
Si la laïcité ne récuse pas du tout la spiritualité religieuse, elle entend que soient également respectées les convictions spirituelles des athées et des agnostiques, ainsi que toutes les formes culturelles qui expriment l'esprit humain. Les humanismes sans dieu de Diderot, de Condorcet ou de Camus, par exemple, n'ont pas à être passés sous silence. Libre au Président de la République, dans sa sphère privée, de pratiquer une religion, mais, dans l'exercice de ses fonctions, il ne peut pas, devise républicaine oblige, déroger à la neutralité qui est la condition de l'égal respect de toutes et de tous.