Troisième observation : si le mode de scrutin n'est pas inscrit dans la Constitution, l'introduction d'une dose de proportionnelle – que les amendements tendent à empêcher – revient à assimiler l'Assemblée nationale à un « super Sénat » : nous devrions être, d'après ce que l'on vient d'entendre, les représentants des territoires. Or, pardon de le rappeler, si je suis fier de représenter un territoire, je représente aussi un courant de pensée politique, que ce soit dans le cadre d'une circonscription ou d'un mode de scrutin proportionnel. Je veux à cet égard dénoncer une escroquerie intellectuelle de notre vie politique : la proportionnelle, qu'elle soit intégrale – comme en Allemagne – ou à 60 % – comme en Italie – , peut soulever des difficultés pour la constitution d'une majorité ; mais la proportionnelle quasi accessoire, pour ne pas dire non représentative, que vous proposez n'en soulèvera aucune de ce point de vue.
Nonobstant les passions que la question a déclenchées, l'enjeu n'est pas de déterminer ici le mode de scrutin ; mais nous avons dit, dès le début de nos débats sur ce projet de loi constitutionnelle, que notre vote, global, portera sur l'ensemble des textes de la réforme des institutions. Même si le point dont nous parlons n'est pas inscrit dans la Constitution, il faudra bien, donc, que la majorité tienne compte des oppositions qui s'expriment.