En ce qui concerne la maintenance prédictive, nous allons nous appuyer sur les travaux menés par la DGA dans le cadre d'ARTEMIS, un projet de traitement du big data. Il faudra que les premiers cas étudiés soient ceux du MCO aéronautique, car ils se prêtent particulièrement bien au big data. Par ailleurs, nous procédons à un travail de rationalisation de nos systèmes d'information logistique avec un projet appelé Brasidas : pour pouvoir faire de la maintenance prédictive, il ne faut pas seulement disposer d'outils, encore faut-il pouvoir alimenter le système en données.
J'attends des gains de maintenance de la mise en oeuvre de la maintenance prédictive, mais je ne dispose pas encore de chiffres à ce sujet. En tout état de cause, même si c'est un peu frustrant, nous devons lancer des actions dès maintenant en sachant que les gains ne seront pas immédiatement perceptibles. Ce qui nous pénalise beaucoup aujourd'hui, c'est que nous avons des plans recommandés d'entretiens prévoyant des visites assez fréquentes : j'espère que la maintenance prédictive nous permettra prochainement de pouvoir desserrer un peu ce cadencement.
Pour ce qui concerne l'Atlantique 2, la durée de formation des équipes est effectivement pénalisante pour le SIAé. Cela dit, le MCO aéronautique nécessite l'intervention d'équipes ayant suivi une formation d'un excellent niveau. Il justifie également que le SIAé dispose de moyens industriels, et notamment qu'il ait la capacité d'embaucher sans avoir besoin de trop d'autorisations pour ce faire, d'anticiper sur une future augmentation de la charge de travail et former ses personnels.
La situation de l'Atlantique 2 n'est pas satisfaisante, j'en conviens, ce qui explique que j'aie indiqué tout à l'heure des objectifs que certains peuvent trouver insuffisamment ambitieux. C'est un fait, un certain délai est nécessaire pour que les personnels montent en compétence ; par ailleurs, le programme de modernisation de l'ATL 2 qui a été lancé va également conduire à des indisponibilités un peu plus longues sur les aéronefs concernés.
Pour évaluer la disponibilité, l'on regarde le nombre total d'appareils constituant la flotte, le parc. En retirant les aéronefs immobilisés dans le cadre du soutien industriel, l'on obtient les aéronefs dits « en ligne » puis, en retirant ceux immobilisés dans le cadre du soutien opérationnel, l'on obtient les appareils disponibles. Un aéronef placé sur un BPC est considéré comme disponible s'il est capable de voler, à la différence d'un aéronef faisant partie d'un chantier de modernisation qui, lui, est classé indisponible – alors même que la performance du MCO n'est pas en jeu, puisqu'il s'agit d'un chantier planifié en vue d'une remise à niveau. C'est actuellement le cas pour nombre d'aéronefs, notamment pour les avions Atlantique 2, Mirage 2000D et Rafale, ainsi que pour les hélicoptères Cougar et Tigre – ces derniers devant passer du standard HAP au standard HAD.
Nous devons nous assurer que la performance des industriels sera au rendez-vous pour la mise en oeuvre du système de combat aérien du futur et, pour cela, l'une des meilleures options consiste pour la DGA à passer des contrats de développement de production et de soutien. C'est ce que je faisais dans mon poste précédent, où j'ai mis en place des contrats de soutien dans la durée, pouvant aller jusqu'à dix ans. En ce qui concerne, par exemple, le futur système de drones tactiques (SDT) le contrat passé par la DGA était assorti d'une longue durée de soutien, ce soutien étant ensuite financé par les programmes 146 et 178 – la source de financement a peu d'importance. L'industriel ayant souscrit le contrat est assuré, pour développer et produire le système, d'un engagement de soutien dans la durée, ce qui le responsabilise beaucoup, car il ne peut s'estimer dégagé de toutes ses obligations après avoir livré les matériels commandés. À mes yeux, c'est un système très efficace : je crois beaucoup à la vertu des engagements dans la durée.
Vous m'avez demandé si la refonte de l'organisation du MCO était efficace. J'espère que oui, c'est en tout cas mon objectif… En tout état de cause, créer une nouvelle structure et instituer de nouvelles méthodes produit l'effet d'un électrochoc. De mon point de vue, cela ne peut qu'être positif, et j'espère revenir prochainement devant vous pour vous confirmer que cela a été le cas.