J'aimerais faire preuve d'optimisme et vous dire qu'il n'y aura plus de fraudes à l'avenir, mais le réalisme m'oblige à penser que, malheureusement, il y aura toujours des gens pour transgresser les règles. Si la société Fleury Michon n'a pas été touchée par les scandales survenus au cours des dernières années, ce n'est pas par hasard, mais en raison de l'application de certaines règles. Ainsi, pour ce qui est de la présence de viande de cheval dans des lasagnes au boeuf, une telle chose n'aurait pu survenir chez nous, du fait que nous ne pratiquons pas les achats spots : nous n'achetons qu'à des fournisseurs que nous connaissons et que nous avons référencés au terme de tout un processus d'évaluation. Si demain, un fournisseur vient nous proposer d'acheter du boeuf à moitié prix, non seulement nous allons nous méfier, car nous connaissons bien le prix des matières, mais aucune transaction ne sera possible avec cette personne que nous n'avons pas référencée. En l'occurrence, l'affaire des lasagnes impliquait l'intervention d'industriels sous-traitants s'adressant eux-mêmes à des courtiers achetant en Roumanie, ce qui montre bien la totale absence de maîtrise de l'ensemble des opérateurs.
Par ailleurs, à réception de la marchandise, nous effectuons des contrôles effectués selon des plans systématiques, afin d'écarter les risques de deux types. Le premier est celui d'une mauvaise opération à l'intérieur de nos unités, le second, de loin le plus important, est celui de problèmes en provenance de l'extérieur. Nous effectuons donc des autocontrôles et nous aidons également nos fournisseurs à mettre en place des systèmes ou des appareils de contrôle permettant de nous garantir la sécurité. Certes, on n'est jamais à l'abri d'un incident, mais je peux dire que nous possédons aujourd'hui un bon degré de maîtrise de la qualité de nos approvisionnements, ce qui fait que notre marque n'a jamais connu de problèmes de fraude, ou liés à la maîtrise sanitaire et bactériologique des produits.
Pour ce qui est de l'épisode des stickers, au sujet duquel nous avons eu l'occasion de nous expliquer directement avec les éleveurs, il n'y a jamais eu de notre part l'intention de tromper le consommateur en utilisant indûment l'image des éleveurs français. Sans avoir suffisamment réfléchi, nous avons juxtaposé un sticker publicitaire et une origine. Ce sticker n'avait pas pour objet de faire référence à la nationalité française des éleveurs, mais faisait partie d'une opération de promotion de la filière « J'aime », constituée d'éleveurs français s'engageant à ne pas utiliser d'OGM ni d'antibiotiques pour l'élevage du porc. Un film publicitaire est passé à la télévision, que nous avons relayé sur les packs au moyen du sticker – que nous aurions d'ailleurs pu coller sur l'ensemble de nos produits : la marque Fleury Michon vend en effet plus de 300 millions de packs par an, tous produits confondus, et le pack est donc notre premier média de contact.
Certains producteurs ont, à tort, fait le lien entre ce sticker faisant référence à la filière « J'aime », et l'origine, toujours clairement indiquée sur nos packs – ce qui, en l'occurrence, a joué contre nous. Nous achetons 60 % de nos jambons en France, la plus grande partie du reste en Espagne – sauf le bio, que nous achetons par obligation au Danemark, les éleveurs français ne produisant pas suffisamment pour nos besoins. Nous avons pris le parti, dans le cadre d'une information au consommateur à laquelle nous attachons une grande importance, de faire figurer en clair l'origine de la viande sur nos packs, en l'occurrence l'origine espagnole d'un jambon.
Très franchement, nous aurions pu nous passer de cette opération. Nous avons fait un faux pas qui a été mal interprété, mais nous n'avions aucunement l'intention de nous prévaloir de l'image des éleveurs français pour vendre du jambon espagnol.