Le groupe Bonduelle, c'est vraiment une très belle histoire, une success story à la française.
C'est d'abord une histoire familiale. Nous sommes aujourd'hui la septième génération et cette histoire familiale a commencé en 1853 avec une distillerie et la fabrication de levure. En 1901, ils étaient cultivateurs et, en 1926, juste après la guerre, ils ont transformé l'ancienne distillerie en conserverie, devenant la première conserverie Pierre et Benoît Bonduelle. En 1947, la marque Bonduelle a été créée, puis en 1967 les produits surgelés ont été lancés. En 1997, le groupe Bonduelle a fait son entrée dans le frais, les produits- traiteur et les salades prêtes à l'emploi.
L'objectif du groupe Bonduelle est très simple : « Nourrir l'Homme et le faire bien ».
Nous étions sûrement en avance en 1947, quand on sait qu'aujourd'hui le slogan est de manger cinq fruits et légumes alors qu'à cette époque nous livrions déjà des légumes à nos consommateurs et clients.
Et pour cela, l'objectif de la famille est basé sur trois points essentiels : l'indépendance, la pérennité et l'épanouissement des collaborateurs.
Quelques chiffres. Aujourd'hui, le groupe Bonduelle, c'est un million de tonnes de conserves de légumes, 450 000 tonnes de légumes surgelés, 350 000 tonnes de salades fraîches prêtes à l'emploi, 2,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 10 000 collaborateurs et quarante-huit sites de production. J'ai trente-six ans de carrière dans ce groupe ; quand j'y suis entré, il n'existait que deux sites, le premier site familial à Renescure dans les Flandres et un deuxième site qui avait été créé à cette époque pour accompagner l'expansion du groupe à Estrées-Mons en Picardie. Pourquoi avoir choisi de s'installer à Estrées-Mons ? Parce que ce choix correspond tout à fait à la stratégie agro-industrielle du groupe Bonduelle : être dans les meilleures zones agricoles.
Pourquoi utilise-t-on le mot « agro-industriel » ? C'est très simple et ce n'est pas un gros mot. Si on veut apporter à nos consommateurs un produit sain, il faut le récolter à la bonne période et, pour cela, il faut des outils capables de prendre cette matière première qu'on va récolter à son degré de maturité optimal. C'est pour cela que nos usines aujourd'hui ne travaillent que cinq mois dans l'année et sont implantées dans les campagnes, puisque les légumes ne poussent pas tout au long de l'année.
Cette stratégie industrielle s'est adaptée de la même manière au maïs. Le maïs est un produit qui est venu de l'autre côté de l'Atlantique et qui est aujourd'hui le légume numéro 1 du groupe Bonduelle. En conserve, il est consommé en salade, en plat ou autres. Bonduelle a donc considéré qu'il fallait être dans les meilleures zones agricoles pour faire du maïs, qu'il fallait du soleil. Le soleil est dans le sud de la France, c'est pourquoi nos usines sont implantées dans les Landes.
Cette stratégie agro-industrielle a toujours été basée sur un vrai partenariat avec le monde agricole. Bonduelle a toujours été très proche des cultivateurs. Ce partenariat est d'une fidélité extraordinaire puisque moins de 5 % de nos cultivateurs nous ont quittés en plus de cinquante ans.
Tout récemment, j'écoutais le rapporteur, M. Moreau, qui faisait le bilan des États généraux de l'alimentation, et j'ai constaté que la contractualisation était le fer de lance des États généraux de l'alimentation. Nous sommes chez Bonduelle en contractualisation depuis plus de cinquante ans puisque le premier contrat « petit pois » a été signé en 1945. Cela fait donc déjà bien longtemps que nous avons contractualisé un prix et des quantités avec le monde agricole.
Ce pôle agricole, c'est 3 100 cultivateurs et 128 000 hectares cultivés. Toujours en recherche d'amélioration, nous avons mis en place, sur la ferme familiale de Renescure, de nouvelles conceptions agro-écologiques. Nous avons monté un plan de recherche en partenariat avec l'INRA et l'Institut Jules-Verne d'Amiens.
De plus, nous sommes nous-mêmes cultivateurs en Russie et nous avons notre propre ferme de production de salades en Espagne qui nous permet de mener des recherches. Des exemples : le goutte-à-goutte pour les salades, le strip-till pour le maïs…
Notre stratégie, sur cette politique agricole, est agro-écologique avec cinq axes importants : le respect du sol, le maintien de la biodiversité, le CO2, l'eau et les traitements naturels.
Pour protéger le sol, il faut qu'ils continuent à jouer leur rôle dans l'écosystème, en s'appuyant sur la fameuse rotation des cultures. Vous savez, monsieur le président, qu'un champ de petits pois doit être cultivé tous les sept ans. Donc, on ne revient que sept ans après sur la même parcelle. Nous développons aussi le couvert végétal, le choix d'engrais organique et le non-labourage.
Pour augmenter la biodiversité, nous avons conseillé, dans le cahier des charges de nos cultivateurs, pour leurs parcelles de légumes, de semer des bandes fleuries et de revenir à ce que le monde agricole a détruit après la guerre : remettre des haies pour laisser la biodiversité et les insectes refaire leur nature. Par ailleurs, nous refusons toute parcelle proche des autoroutes, des stations d'incinération ou des villes.
Réduire l'empreinte carbone, c'est diminuer les émissions de gaz à effet de serre en remplaçant nos produits phytosanitaires par des options naturelles : des engrais naturels comme le fumier, le lisier, mais aussi des cultures spécifiques comme des biofumigants pour nettoyer les sols.
Optimiser la qualité et l'efficience de l'eau, c'est travailler sur des capteurs de goutte-à-goutte et sur des semences moins gourmandes en eau.
Pour réduire les résidus chimiques, il faut remplacer les produits phytosanitaires par des engrais ou pesticides naturels comme en agriculture biologique. Nous favorisons ainsi également toutes les actions mécaniques, comme le désherbage mécanique, les filets anti-insectes ou encore le paillage.
Depuis cinq ans, en partenariat avec l'INRA, les chambres d'agriculture et le groupement de producteurs de Picardie, nous accompagnons cinq fermes pilotes dans une activité agro-écologique.
Nous avons des cultivateurs qui sont nos partenaires mais nous ne représentons que 20 % de leur activité agricole. Ce qui veut dire que, lorsque nous avons des éléments à apporter, quand on veut investir dans des désherbages mécaniques ou des robots, cela ne correspond qu'à 20 % de leurs surfaces puisque, sur le reste, ils font du blé, des céréales, des betteraves, des pommes de terre. Aujourd'hui, il nous faut donc nous adapter à chaque ferme agricole.
Voilà pour notre stratégie au niveau de l'agro-écologie.
Nourrir l'homme, le faire bien, cela se fait à travers d'axes très précis. La certification de toutes nos usines : 97 % de nos usines ont été certifiées. L'optimisation nutritionnelle de nos recettes : il y a quatre ans, nous avons créé un grand programme qui s'appelle « Visa santé » avec quatre grandes actions : auditer nos produits – 1 158 produits ont été passés au crible –, classer nos produits en trois familles – brut, légèrement cuisiné, cuisiné gourmand –, reformuler nos recettes avec moins de sel et moins de gras, et enfin innover en intégrant systématiquement les objectifs nutritionnels dans le développement de nos nouveaux produits
Des exemples concrets : la famille des petits pois. Vous avez sûrement déjà mangé, monsieur le président, une boîte de conserve de petits pois. Sachez que nous avons baissé son sel de 25 % en cinq ans. Vous avez peut-être acheté un jour une galette surgelée : 20 % de sel et 30 % d'acides gras diminués.
De même, pour les additifs autorisés, nous nous sommes appuyés sur la catégorisation des additifs selon leur dangerosité d'après le Guide des additifs alimentaires de Mme Denil et M. Lannoye de 2004, guide de référence dans la distribution dans les années 2010, et sur le Nouveau Guide des additifs 2017 élaboré par la nutritionniste Anne-Laure Denans selon les données EFSA. Sur cette base bibliographique, nous les avons classés en trois familles : rouge, à éviter par précaution, orange, la prudence s'impose, vert, considérés comme inoffensifs. Nous nous sommes donné comme objectif la disparition de tous les rouges.
Dans cette sensibilisation et face aux attentes des consommateurs, nous avons tout de suite adhéré au Nutri-Score puisque le Nutri-Score, c'est un moyen d'informer nos consommateurs sur les bienfaits de nos produits.
Quelques chiffres sur le classement de nos produits dans le système Nutri-Score. Pour nos produits conserves, nous sommes à 95 % classés A et 4 % classés B. Pour nos produits surgelés, 84 % sont classés A. Sur la marque Cassegrain, 96 % de nos produits sont classés A. Dans le frais, c'est la même chose, 50 % de nos salades « hors domicile » sont classées A et 35 % classées B. N nous avons encore 85 % de nos produits classés Nutri-Score en A et en B.
Je vais vous donner un exemple très parlant. Saviez-vous qu'il y a autant de vitamines C dans une conserve de haricots verts Bonduelle que dans les haricots verts frais achetés et cuisinés quatre jours après leur récolte ?
Pour terminer, monsieur le président, vous connaissez peut-être la Fondation Louis Bonduelle créée en 2004. Sa mission est simple : faire évoluer durablement le comportement alimentaire dans le respect des hommes et de la planète.
Pour cela, ses activités sont : informer la population, développer les connaissances scientifiques, soutenir la recherche, mais aussi mener des actions de terrain concrètes, parce que les vraies actions de terrain, c'est ce qui est important pour faire connaître.
Je vous donne deux exemples. Dans le centre de Rennes, nous avons créé et aidé à développer une ferme pour permettre aux citadins de connaître les produits. À Nice, nous avons fait connaître les produits végétaux à plus de 600 enfants de quatre à six ans. Parce que, vous savez, quand on habite en ville, le petit pois, on ne sait même plus comment il pousse. La Fondation Louis-Bonduelle est aujourd'hui reconnue par la communauté scientifique qui, déjà en 2011, selon un sondage Opinion Way, lui attribuait la meilleure note parmi plusieurs fondations agroalimentaires.
En conclusion, j'aimerais vous présenter notre plan stratégique à horizon 2025, baptisé « Végégo », co-construit avec les collaborateurs de Bonduelle et les actionnaires familiaux. Les enjeux sont au nombre de trois : nourrir les hommes, mettre l'homme au coeur du projet économique, protéger la planète. Et les objectifs sont au nombre de cinq : favoriser l'envie et l'accès à une alimentation saine et durable, prendre soin des sols cultivés avec nos partenaires agriculteurs, réduire les impacts environnementaux du champ à l'assiette, assurer le bien-vivre des communautés locales, être tous acteurs dans l'entreprise En résumé, nous voulons être le référent mondial qui assure le bien vivre par l'alimentation végétale.