Il faut savoir que des pays comme l'Allemagne ont déjà retiré le dioxyde de titane de leurs cartons d'emballage, afin d'éviter la contamination des aliments.
Madame Girod-Quilin, vous avez souligné que les poisons se trouvaient surtout dans la nature, mais il est vrai aussi que l'homme s'y est habitué, et que si vous ne survivriez pas dans la forêt amazonienne, d'autres y vivent, et savent quels produits il ne faut pas ingérer. Si nous sommes là aujourd'hui, c'est que nous sommes des survivants et que nous avons appris au fil des siècles.
J'aimerais mieux comprendre le fonctionnement de l'industrie des additifs. C'est un sujet sur lequel nous revenons toujours car il constitue la principale préoccupation de notre commission d'enquête. Je souhaite savoir comment la recherche dans ce domaine est financée, et de quels budgets elle dispose.
Il existe aujourd'hui plus de 400 additifs. Cela semble suffisant, et pourtant les recherches se poursuivent encore et encore. Mais en parallèle, des industriels commencent à nous dire qu'ils souhaiterait en utiliser moins, une tendance qui va peut-être se généraliser.
J'aimerais que nous évoquions plus longuement les « effets cocktail ». Si chaque additif, en soi, est conforme, les effets de son association à d'autres peuvent être terribles. Les médecins savent qu'au-delà de quatre médicaments, les effets sur le corps sont inconnus, certains principes pouvant en inhiber d'autres. Pour les additifs, il est très difficile matériellement d'évaluer l'« effet cocktail », sur du long terme.
C'est la raison pour laquelle nous aimerions voir émerger le principe de précaution. Le lien entre les additifs et le cancer ou le diabète de type 2 a été fait, mais non prouvé. Or on ne peut se réfugier derrière le fait que ce n'est pas prouvé, mais, dans l'incertitude, appliquer le principe de précaution. Ce n'est pas une expression que j'ai entendue aujourd'hui. Pouvez-vous nous éclairer sur ce point ?
On a retrouvé 30 additifs différents dans une pizza ! Quel est leur bénéfice ? Peuvent-ils renforcer la qualité nutritionnelle de nos aliments ? Là aussi, j'aimerais que vous alliez plus loin et que vous nous disiez en quoi un produit naturel, avec toutes ses propriétés, ne serait pas suffisant. On peut éventuellement comprendre qu'il faille l'améliorer, mais pourquoi y intégrer autant d'additifs ? L'arôme vanille est naturellement présent dans le lait maternel, et c'est quelque chose de très rassurant que l'on ajoute dans les aliments pour provoquer une sensation de bien-être.
Chez les industriels que nous avons auditionnés, on sent quand même une tendance à diminuer les additifs. Mais, en parallèle, nous constatons cette course à la création de nouveaux additifs, dont les effets éventuellement nocifs ne pourront être prouvés qu'après un certain temps par la science.