Intervention de Régis Juanico

Réunion du mardi 10 juillet 2018 à 17h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRégis Juanico :

À vous entendre, tout va très bien, madame la ministre, tout va même pour le mieux dans le meilleur des mondes. Vous avez déclaré devant nous, à plusieurs reprises, que le système APB ne constituait pas un échec technique, mais politique. J'ai envie de vous répondre que Parcoursup n'est pas un échec politique, mais un fiasco humain. Vous avez parlé de « boîte noire » à propos d'APB, mais vous avez créé, avec Parcoursup, une usine à gaz qui est anxiogène. Vous avez agi dans la précipitation et sans étude d'impact sérieuse. Les bacheliers de 2018 ont donc dû essuyer les plâtres. Vous souhaitiez remettre de l'humain dans le dispositif. Or nous sommes déjà le 10 juillet et, à moins de deux mois de la rentrée universitaire, 137 000 élèves sont encore dans l'incertitude. Ils n'ont toujours pas reçu de proposition ou restent dans l'attente, alors que seulement 117 000 élèves se trouvaient dans la même situation l'année dernière à la même époque dans le cadre d'APB. Par ailleurs, 72 000 candidats ont abandonné la procédure. Où est donc le progrès ?

Parcoursup sélectionne, c'est vrai. Il y a une augmentation de la part des filières en tension, qui est de 22 % des licences, et votre réforme donne aux universités la possibilité de refuser des élèves et d'effectuer un tri social avec des attendus locaux. La lenteur de Parcoursup a également eu un effet très négatif : des étudiants dans l'expectative et ne voulant pas, à juste titre, attendre la rentrée de septembre se tournent vers des écoles privées qui se frottent les mains. Vous entretenez une situation de tension : vous vous étiez engagée, madame la ministre, à créer 22 000 places supplémentaires à la rentrée prochaine, mais seules 10 000 verront effectivement le jour, alors que les besoins sont bien supérieurs. Pour créer des places, il vous faudrait des moyens budgétaires à la hauteur : vous avez annoncé un milliard d'euros sur 5 ans, quand il faudrait 1 milliard chaque année. Le Gouvernement vient d'annoncer la création d'un service national universel d'un coût de 2 milliards d'euros par an, qu'il faudra bien prendre à l'éducation nationale ou à l'enseignement supérieur. Comment allez-vous donc obtenir des moyens supplémentaires ?

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