Intervention de Frédérique Vidal

Réunion du mardi 10 juillet 2018 à 17h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

Plusieurs d'entre vous ont évoqué la chronologie de la mise en place de Parcoursup. Les rectorats, les conseillers d'orientation et les responsables des différentes formations sont constitués en commission depuis le 22 mai. Les deux procédures fonctionnent en parallèle : nul besoin de se désinscrire des listes d'attente pour avoir le droit de demander une affectation dans le cadre de la procédure complémentaire. C'est l'inscription effective qui entraîne l'abandon de la procédure sur l'autre plateforme.

Cet été, le numéro vert et la plateforme internet resteront accessibles. Les réponses continueront d'être apportées aux jeunes pour les accompagner. Les commissions poursuivront leurs travaux. Moins de personnes seront mobilisées mais il y aura probablement moins de demandes durant les quinze premiers jours du mois d'août.

Pour ce qui est des fake news, je me contentais de faire allusion aux captures d'écran de la plateforme montrant des positions sur une liste d'attente totalement fantaisistes, dépassant plusieurs millions, qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux et qui ont été immédiatement reprises par certaines personnes alors même qu'elles ont été démenties par leurs auteurs eux-mêmes. Le problème est que, par peur de manquer un scoop, on commence par relayer les fake news sans prendre ensuite le temps de dire qu'il s'agissait de mensonges.

Les candidats incarcérés sont pris en charge par les personnels scolaires des établissements pénitentiaires. L'accès à internet reste une prérogative de leurs directeurs. Je ne pense pas que nous puissions régler cette question. La Conférence des présidents d'université (CPU) s'est penchée depuis longtemps sur le sujet et nombreuses sont les universités qui proposent des enseignements en milieu carcéral. En Île-de-France, l'université de Paris-Est-Marne-la-Vallée travaille beaucoup pour améliorer l'offre de formation dans les prisons.

Pour ce qui est de la mobilité géographique et de la mobilité académique, comparons le système précédent et le système actuel. Dans les filières en tension, les années précédentes, il n'y avait pas de mobilité académique possible ; cette année, les recteurs ont travaillé avec les responsables d'établissement pour autoriser la mobilité académique partout, y compris dans les filières en tension. Auparavant, lorsqu'un jeune choisissait de suivre dans une autre académie une filière existant dans son académie d'origine, on lui conseillait simplement de la demander aussi dans son académie ; aujourd'hui, sauf pour les ultramarins qui peuvent postuler dans n'importe quelle académie, compte tenu du volume de l'offre de formations dans leurs territoires, des pourcentages ont été fixés à la fois pour rendre possible la mobilité géographique et pour éviter que les candidats locaux manquent de places dans les établissements de proximité saturés par la venue de jeunes d'autres académies. Cette année, les recteurs et présidents d'université ont décidé d'être prudents. C'est une attitude de responsabilité qui a été privilégiée. L'année prochaine, ces choix pourront être revus, après évaluation.

Je ne sais pas encore si le calendrier sera à nouveau modifié. Je n'ai pas de doctrine en la matière. Nous devons d'abord l'évaluer. Le calendrier actuel est extrêmement précoce par rapport à APB : auparavant, la première proposition tombait quelques jours avant le bac et il fallait y répondre – de manière positive ou non, on n'avait pas le choix.

Lors des concertations, les représentants des lycéens et des étudiants ont plaidé pour que le calendrier soit avancé. Nous l'avons fait. C'est une très grosse contrainte pour tous les établissements sélectifs, car ils doivent examiner et classer les dossiers plus rapidement. En tout état de cause, le calendrier sera harmonisé avec celui du futur baccalauréat.

Vous m'avez parlé de l'université Paris 8. Je vous confirme que le chiffrage a été effectué et que le ministère prendra en charge la réparation des dégradations. Je persiste : ayant côtoyé des étudiants pendant très longtemps, j'ai beaucoup de mal à croire qu'ils puissent saccager à ce point leur lieu d'étude. Je ne nie pas que, parmi ceux qui ont participé au saccage, certains avaient des cartes d'étudiants. Mais je sais à quel point les étudiants sont heureux quand on installe une salle informatique d'accès libre ou des locaux conviviaux dans lesquels ils peuvent travailler sur des projets… Ces étudiants n'auraient pas saccagé volontairement leurs propres locaux. J'ai sans doute encore beaucoup d'affection pour eux, mais ces saccages étaient volontaires : des gens cagoulés, avec des barres de fer, qui cassent en premier lieu les caméras de vidéosurveillance, ne sont pas des gens qui souhaitent débattre de l'opportunité d'une nouvelle loi d'accès à l'enseignement supérieur !

Le sujet est le même à l'université de Grenoble. Dans ces deux universités, les travaux ont été planifiés avec les présidents, afin qu'un maximum de locaux soit accessible dès la rentrée universitaire. Ainsi à Paris 8, nous travaillons en étroite collaboration avec la présidente pour réduire au maximum les délais de tous les appels d'offres. À l'université de Grenoble, l'ouverture du centre de langues sera probablement retardée de quelques mois et interviendra au plus tôt en fin d'année. Les étudiants en seront donc privés pendant au moins un trimestre. À Paris 8, nous évaluons les possibilités de délocaliser certains cours en début d'année universitaire, mais tout est fait pour que les choses se passent bien.

Madame Rubin, je comprends que vous ayez toujours la même opinion sur cette loi ; c'est votre droit le plus strict. Un peu d'humour peut-être pour vous répondre : non, le monde de l'emploi n'est pas une « jungle », et je souhaite à chaque jeune de pouvoir le rejoindre un jour. En outre, je vous rassure, 2,2 millions de « miracles » se sont produits au cours des dernières semaines – c'est le nombre de propositions faites à l'ensemble des candidats sur la plateforme !

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