Intervention de Claudine Hermann

Réunion du jeudi 28 juin 2018 à 9h45
Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Claudine Hermann, présidente de la plateforme européenne des femmes scientifiques :

Je voudrais répondre sur deux points. Il est possible d'agir au niveau des institutions et des personnes elles-mêmes. Encourager les femmes, leur donner de l'assurance pour qu'elles se présentent est utile, mais nécessite d'y consacrer des moyens humains. Quand on commence à faire du mentorat ou du coaching, il s'agit de trouver une personne pour une personne et les petites associations ne pourront jamais répondre seules à ce besoin. Par ailleurs, dans les critères nécessaires pour le passage au poste de professeur, on pourrait aussi prendre mieux en considération les « années blanches » pour maternité, repousser les limites d'âge… ; cela relève du pouvoir réglementaire et il faut faire en sorte de ne pas handicaper les gens. Quant à une action globale, c'est très coûteux en personnel.

À propos des Écoles normales supérieures de jeunes filles, je suis moi-même issue d'un système comme celui-là, un mécanisme de « quotas ». Si le concours avait été mixte, je ne serais peut-être pas avec vous aujourd'hui. Revenir en arrière est certes compliqué, mais on pourrait se concentrer en particulier sur les critères de sélection, sur la manière dont on prend en compte les disciplines scientifiques et non scientifiques. À l'École Polytechnique, ce n'est pas glorieux mais c'est quand même mieux que dans les écoles normales supérieures, parce que les disciplines de type Humanités sont prises en considération pour les épreuves d'admissibilité, alors qu'elles ne comptaient pas encore récemment pour le concours d'entrée à l'École normale supérieure. Ce n'est pas le seul problème : se pose aussi celui, qui vient des candidates, du manque de candidatures : quand on voit que pour la France entière, une seule femme entre à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm en mathématiques et qu'on est une petite étudiante, on n'imagine pas qu'on est la meilleure de toute la France et on va plutôt penser, sans doute, qu'il n'est pas utile de passer ce concours. Il y a une action à mener envers les candidates potentielles pour leur montrer que ce n'est pas impossible. Il y a aussi une action à mener auprès des établissements, pour qu'ils regardent de près quels critères ils appliquent pour leur concours d'entrée. C'est un peu complexe, il faut le reconnaître.

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