Je vous prie de m'excuser si, dans le temps imparti, je vais droit au but de façon peut-être un peu directe. La meilleure solution pour qu'il n'y ait pas de victimes, c'est qu'il n'y ait pas d'agresseur. Il ne sert à rien d'armer la victime. Les filles ne se présentent pas à l'ENS, non pas parce qu'elles s'auto-sélectionnent quand elles sont timides mais c'est parce qu'elles ont eu un long parcours au cours duquel on leur a fait comprendre que l'ENS serait impensable pour elles.
Sur la question des quotas, je ne suis pas non plus favorable à la non-mixité, mais si on considère qu'il n'y a pas de « cerveau rose » ni de « cerveau bleu », quand on a une population avec 10 % d'un sexe et 90 % de l'autre, c'est bien qu'existe une discrimination positive extrêmement favorable envers les garçons. Quand on essaie de ramener la barre à 50 %, on n'est pas en train de favoriser les filles, mais simplement d'essayer de permettre un rattrapage de cette discrimination antérieure. Il y a des quotas dont on s'accommode assez bien, par exemple les quotas – et j'y suis tout à fait favorable – qui incitent à prendre davantage d'élèves qui sortent de Bac Pro dans certaines filières de l'enseignement supérieur. Visiblement, ça ne choque pas. Pourquoi un quota de filles choquerait-il ? Je suis une « informaticienne quota », Claudine Hermann est une « mathématicienne quota » ; nous n'avons pas déshonoré la filière dans laquelle nous nous sommes formées. Je fais le pari qu'un quota – pas une non-mixité mais un quota – permettrait d'ailleurs d'améliorer encore le niveau grâce à ces personnes qui sont écartées pour des raisons qui n'ont rien à voir avec leurs compétences.