Je vous remercie, monsieur le ministre d'État, de votre présence, qui vient récompenser le travail conduit durant neuf mois par seize membres de cette commission, issus de tous les groupes politiques. J'en profite pour les remercier de leur travail.
Les premières conclusions que nous pouvons tirer sont que l'eau est un sujet qui passionne : elle est source de vie, elle est indispensable à l'économie, elle est source de paix et, dans certains cas, elle est un enjeu géopolitique.
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, l'effet des activités humaines sur le réchauffement climatique est réellement visible. Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), notre siècle connaîtra une augmentation des températures comprise entre un et six degrés.
Les impacts en sont déjà visibles : ces trente dernières années, 11 % de la population européenne a été confronté à la rareté de la ressource tout au long de l'année, et près de 23 % durant la période estivale. Ces proportions atteindront respectivement 30 % et 45 % en 2030. En 2017, des arrêtés de sécheresse ont été pris dans 84 départements ; certains sont restés en vigueur jusqu'au 31 décembre.
Les épisodes pluvieux de ces dernières semaines démontrent également que le rythme et la fréquence des précipitations ont changé, et que des efforts importants seront nécessaires pour nous y adapter. Nous devons nous préoccuper de ne pas subir le changement, mais surtout l'anticiper et en tirer les conséquences.
Je pense, monsieur le ministre d'État, qu'à ce stade nous ne pouvons plus parler de petits et de grands cycles. Ils sont interdépendants, et les propositions de notre rapport vont dans ce sens. L'urgence appelle des solutions d'une ampleur sans précédent.
L'ensemble des acteurs que nous avons rencontrés sont prêts. Ils sont forces de proposition et attendent énormément du travail entrepris à votre initiative par les Assises de l'eau. Il nous semblerait regrettable que ces Assises ne débouchent que sur un énième plan antifuites, alors que tout reste à faire. Elles doivent aboutir à un plan massif, global, et porté sur l'avenir. Notre rapport contient plusieurs propositions en ce sens. Vous trouverez parmi elles des préconisations sur les retenues permettant le maintien des étiages, déjà indispensables dans certaines régions de notre territoire.
Nous demandons également une meilleure réutilisation des eaux usées. Sur ce sujet, il faut mettre fin à l'hypocrisie : si nous en sommes encore au stade expérimental, d'autres pays sont passés à la vitesse supérieure. Aujourd'hui, deux avocats sur trois consommés en France ont été produits en Israël avec de l'eau réutilisée.
Nous préconisons un plan massif d'investissement et la mise en place de water tests dans les communes. Nous demandons aussi qu'il soit mis fin à la surtransposition des directives européennes. Enfin, vous l'avez compris, nous avons de nombreuses propositions à vous faire. Un quinquennat n'y suffirait pas... J'espère donc, monsieur le ministre d'État, que ce rapport ne restera pas sur une étagère !
Je souhaite savoir quelles sont vos propositions concernant un plan national définissant les zones prioritaires pour les réserves multimodales. Comment votre ministère envisage-t-il la mise en place de la réutilisation de l'eau sur notre territoire ? Afin de gagner en efficacité, pourrions-nous envisager de fusionner les agences de l'eau pour passer à une gestion globalisée de la ressource et gagner du temps sur les grands projets ?
Monsieur le ministre d'État, comme je vous le disais à l'instant, les acteurs sont prêts, les solutions existent, la technologie est là. À nous de jouer, donc.