Intervention de Nicolas Dufourcq

Réunion du mercredi 20 septembre 2017 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Nicolas Dufourcq, directeur général de BPI-Groupe :

Sans doute, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, voyant que Bpifrance aurait du mal à investir ses 2 milliards d'euros de liquidités dans des PME et qu'il lui fallait un ticket significatif, nous avons racheté la participation de l'APE dans Peugeot. Mais Thales, dans le domaine de la défense, la SNCF, EDF, Areva qui touchent à des infrastructures souveraines, ainsi qu'Orange relèvent tout à fait normalement de l'APE.

Le fait que nous arrêtions le préfinancement du CICE ne libèrera pas d'argent puisque l'activité de prêteur de Bpifrance n'est pas financée sur un stock de liquidités. Comme toutes les banques, nous empruntons l'argent que nous prêtons – 7 milliards d'euros par an – sur les marchés internationaux, en Chine, en Norvège, aux États-Unis. C'est néanmoins dommage car cela nous rapportait un peu d'argent, qui nous permettait de financer notre prêt TPE ou l'aide à l'innovation. Quoi qu'il en soit, le préfinancement est maintenu jusqu'à la disparition du CICE, et il faut faire savoir aux entreprises qu'il est encore temps d'y avoir recours. Cela vaut la peine.

En ce qui concerne l'export, je ne sais pas par quel terme définir notre situation. Disons qu'elle est dramatique et se résume en un chiffre : 15 milliards d'euros de déficit annuel par rapport à l'Allemagne, ce qui signifie que, sur les dix dernières années, nous avons transféré 150 milliards d'euros de fonds propres français, sans retour, vers l'Allemagne. Et cela ne s'améliore pas.

Ce que montrent ces résultats catastrophiques, c'est que notre système de soutien à l'export doit être restructuré en profondeur. Bpifrance ne peut endosser l'entière responsabilité de cette situation. Notre rôle est d'inciter nos entrepreneurs à être ambitieux, en leur expliquant qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'export. Là encore en effet, le mal est pour moitié dans la tête des chefs d'entreprise, ce qui nous incite à beaucoup travailler la psychologie collective.

L'un d'entre vous a évoqué les carences du financement des start-up. C'est un faux problème : si une start-up ne trouve pas à se financer dans notre pays, c'est qu'elle est mauvaise. Une start-up qui se crée en France peut compter sur les 30 000 euros de la bourse French Tech : c'est la « love money » de l'État. Elle peut aussi bénéficier de l'aide à l'innovation de Bpifrance, ce qui l'amène à 130 000 euros. Viennent ensuite les concours type « jeunes entreprises innovantes ». Si le projet est bon, il permettra de remporter 20 000 euros supplémentaires, auxquels peuvent encore s'ajouter 10 ou 15 000 euros du conseil régional. Si j'avais disposé, lorsque j'ai créé des entreprises il y a trente ans, de cette manne de près de 200 000 euros pour m'aider à démarrer...

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