Intervention de Nicolas Dufourcq

Réunion du mercredi 20 septembre 2017 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Nicolas Dufourcq, directeur général de BPI-Groupe :

S'agissant de notre insertion dans le système bancaire, tout se passe très bien, tant au niveau de la Fédération bancaire française (FBF), qui est très policée, que des différentes places régionales – Lille, Marseille... Nous faisons vraiment partie de l'écosystème de la banque territoriale. Nous participons très fréquemment à des pools bancaires, notamment pour conclure des pools avec des prêts sans garantie. Il arrive aussi que l'entrepreneur nous aime tellement qu'il nous demande de constituer le pool... Les banques tordent le nez, et cela ne doit pas se produire trop souvent, car notre rôle n'est pas de devenir les chefs d'orchestre : nous sommes une banque coup-de-pouce, une banque courte-échelle ! Nous ne deviendrons pas la banque de l'entrepreneur, et nous ne gérerons jamais son compte.

En matière de crédit aux entreprises, notre part de marché s'élève à 3,5 % à 4 %, ce qui est tout à fait raisonnable.

Les taux de Bpifrance ne sont pas nécessairement ultra-compétitifs ; nous sommes très exigeants sur la discipline du résultat – coefficient d'exploitation, produit net bancaire, rentabilité même de nos opérations... Les taux de rentabilité que l'État et la Caisse des dépôts nous demandent ne sont pas faciles à atteindre quand les taux sont très bas. Nous y parvenons pourtant. Et, malgré le fait que nous sommes parfois quelques points de base au-dessus du marché, l'entrepreneur nous préfère souvent, grâce à la qualité de la relation que nous entretenons avec lui. Il sait que nous allons traverser les épreuves ensemble – je dis toujours que nous avons trente mois d'âge d'or, puis que les épreuves recommencent... Mais Bpifrance sera toujours là. C'est ce qui explique l'incroyable fidélité de nos clients.

S'agissant de l'évolution des taux au cours des négociations, c'est un problème qui se pose à toutes les banques – je précise que cela vaut pour les contrats complexes, qui sont montés en six mois plutôt qu'en quinze jours.

Monsieur Bricout, Bpifrance est très attachée aux « territoires oubliés ». Nous ne sommes pas une banque avec des agences et des guichets où nous recevrions nos clients. Nous avons des bureaux, mais nos collaborateurs sont le plus souvent dans leur véhicule pour aller voir les entrepreneurs. Le Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) a créé une nouvelle catégorie, celle des « villes Dauge » – ces villes secondaires, qui se situent à l'écart des axes routiers et qui connaissent souvent de grandes difficultés. Notre démarchage nous y amène régulièrement. Quand par ailleurs nous nous installons à La Roche-sur-Yon, à Bourg-en-Bresse, à Compiègne... beaucoup d'entrepreneurs viennent nous voir. Ils sont toujours enchantés de ne plus avoir à se déplacer ; et d'autres, qui ne se déplaçaient pas du tout, deviennent nos clients. Nous continuerons probablement d'étendre notre maillage territorial – lentement, car nous devons convaincre nos actionnaires d'engager les fonds nécessaires. Cela vaut la peine : le retour sur investissement est à peu près immédiat, car il y a des entrepreneurs partout.

Monsieur Le Fur, c'est vrai, nous intervenons assez peu dans le secteur agro-alimentaire. Le Crédit agricole « fait le boulot » ; nous travaillons en bonne intelligence, mais il n'a pas forcément très envie de nous voir arriver dans ce secteur... Rappelez-vous le plan de financement de la trésorerie des agriculteurs, à l'automne 2016. En revanche, nous finançons les entreprises industrielles du secteur agro-alimentaire. Nous sommes notamment actionnaires de filiales de coopératives, travail que nous sommes seuls à effectuer : nous sommes chez Sofiprotéol, chez Vivescia, chez Limagrain... Ce sont de gros tickets – souvent une centaine de millions d'euros.

Madame Louwagie, vous relevez que le nombre d'entreprises bénéficiaires du préfinancement du CICE a diminué. Ce n'est pas faute de tenter de vendre le produit ! Mais le stress de trésorerie a beaucoup reculé. Parmi les 17 000 entreprises bénéficiaires en 2014, beaucoup venaient simplement chercher un millier d'euros pour payer à la fin du mois le salaire de la coiffeuse. Cela, c'est fini. Cette baisse est donc plutôt une bonne nouvelle.

Quant à la fondation pour l'innovation, notre idée a été reprise par le Gouvernement, qui prévoit, vous le savez, de créer un fonds de 10 milliards d'euros dédié à l'innovation. La suite ne dépend plus de nous.

Monsieur Le Fur, monsieur Mattei, s'agissant des banques, je serai moins critique que vous. Elles sont revenues sur le marché et font preuve d'un vrai dynamisme commercial. Au premier semestre, notre taux de croissance sur le crédit à l'investissement était de 20 % ; mon collègue de la banque Arkéa m'indiquait hier qu'il n'en était pas loin. Certes, tout le monde n'est pas à ce niveau. Et la culture des banques, évidemment, n'est pas la nôtre : il faut que le client soit bon, avec un bon bilan... Le client en zone grise pose toujours problème. Mais elles font en ce moment, je crois, un effort commercial.

S'agissant des entreprises en nom propre, nous ne sommes pas prêts à annoncer quoi que ce soit aujourd'hui.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.