Intervention de Jean-Louis Touraine

Réunion du mercredi 16 mai 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Touraine :

Je remercie les trois intervenants pour la richesse de leurs présentations, à la fois sur le plan scientifique et sur le plan éthique. Bien entendu, refuser avec frilosité le bénéfice de l'application à l'humain des progrès de la génétique au nom de principes conservateurs n'est pas acceptable. Mais il faut penser à l'application d'un système de valeurs humanistes indispensable. Cela nous amène à considérer comme raisonnable le maintien de l'interdit du clonage humain et d'un moratoire sur la thérapie génique des cellules germinales, pour l'instant mal maîtrisée. Sinon nous nous conduirions en apprentis sorciers qui modifieraient les générations futures sans en contrôler les conséquences.

Mais il est tout aussi raisonnable de conforter les progrès qui ont été accomplis grâce aux décisions antérieures. Par exemple, le Parlement a voté en 2012 pour autoriser la recherche sur les cellules souches embryonnaires en France. Mais l'Agence de biomédecine se heurte au quotidien à des fondations qui tentent d'utiliser la justice pour empêcher l'application de la loi – en vain bien sûr, mais ce faisant, ils ralentissent la recherche. Conforter ce que nous avions décidé permettra également de mettre fin à des paradoxes, pour ne pas dire des hypocrisies. Ainsi, avant 2012 il était interdit de créer des lignées de cellules souches embryonnaires en France, mais on avait le droit de les acheter à l'étranger. De même, dans les États-Unis à l'époque du président George W. Bush, il était interdit de financer la recherche sur les cellules souches embryonnaires dans les instituts publics, soumis à un contrôle, mais non dans les laboratoires privés qui n'étaient soumis à aucun contrôle. La loi doit évoluer pour créer plus de cohérence.

J'aurais quelques questions pour nos intervenants. Nous sommes d'accord pour interdire la thérapie génique sur les cellules souches germinales. Mais quelle question éthique poserait son utilisation sur l'embryon humain ?

Ensuite, à qui, selon vous, doivent appartenir les informations sur les caractères génétiques d'une personne, avec tout ce que cela implique en termes prédictifs ? Si c'est à la personne elle-même, il nous faut adapter nos lois et assurer l'accompagnement opportun car certaines de ces informations peuvent être mal comprises et mal utilisées.

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