Cette table ronde a pour thématique l'« intelligence artificielle », c'est-à-dire l'ensemble des technologies ayant pour objectif de comprendre comment fonctionne la cognition humaine et comment la reproduire, voire la dépasser. L'intelligence artificielle trouve son origine au milieu du XXe siècle, mais ce n'est qu'au début des années 2010, sous l'impulsion de l'explosion des puissances de calcul, de la multiplication des volumes de données et de l'essor de nouveaux algorithmes, qu'elle a pris sa nouvelle dimension : celle d'une révolution technologique, mais aussi économique et sociétale. Le développement de l'intelligence artificielle représente en effet un bouleversement de nature à transformer profondément la société : les applications actuelles et futures touchent à tous les domaines de la vie quotidienne, avec des conséquences potentielles considérables. Je pense par exemple à la santé, qui connaît un recours croissant aux robots, en particulier en neurochirurgie, aux transports, avec la voiture autonome, ou encore aux loisirs, avec les assistants virtuels.
Le développement de l'intelligence artificielle est soumis à une contrainte d'acceptabilité sociale forte, qui est liée aux représentations, parfois catastrophiques, dont elle fait l'objet, et à la crainte de possibles dérives, comme celles qui pourraient résulter de certains systèmes algorithmiques dont on comprend encore mal le fonctionnement. Porteur d'espoirs mais aussi de craintes, le développement de l'intelligence artificielle se caractérise aujourd'hui par la place prépondérante qu'occupe la recherche privée, laquelle est dominée par des entreprises américaines et chinoises.
Nous accueillons M. Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l'ordre des médecins, M. Alain Bensoussan, avocat, et M. Grégoire Loiseau, professeur de droit privé à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Je vous invite, messieurs, à nous présenter à titre liminaire le cadre scientifique et juridique dans lequel s'inscrit l'intelligence artificielle et à nous indiquer quelles sont, à vos yeux, les pistes d'évolution possibles. Nous en viendrons ensuite à des questions, sous la forme d'interventions de deux minutes, à caractère interrogatif.