Les apprentis sont régis par le code du travail. Ils sont pourtant des salariés particuliers alliant leur activité professionnelle à une formation qualifiante. À mi-chemin entre le quotidien scolaire ou estudiantin et le salariat, les apprentis sont souvent obligés de cumuler une double journée pour s'assurer de l'acquisition pratique et théorique du diplôme qu'ils préparent. En outre, certains jeunes doivent parfois quitter le foyer familial pour vivre seuls. Pénalisés par une rémunération ne pouvant dépasser 80 % du SMIC alors qu'ils sont parfois engagés dans des formations de haute qualification dont les salaires sont supérieurs au SMIC dès le début de carrière, les apprentis ont une éreintante double, parfois triple, journée de travail. Certains de ces jeunes n'ont que seize ans ! Au même âge, la majorité des enfants de cadres entament leurs années de lycée et ont pour eux davantage de temps libre.
Tel est malheureusement le droit en vigueur dans un pays qui se targue d'être égalitaire. Augmentant le temps de travail des apprentis, ce projet de loi aggrave l'inégalité.
Il serait normal qu'un temps de congés payés supplémentaire leur soit alloué afin qu'ils puissent préparer au mieux leur diplôme sans subir une surcharge de travail. Selon le palmarès du journal L'Étudiant, en 2017, 80 % des étudiants en formation initiale en vue d'obtenir un brevet de technicien supérieur ont effectivement obtenu leur diplôme, contre seulement 74 % des étudiants en apprentissage. Nous connaissons les effets néfastes du cumul d'un emploi et d'études sur les résultats aux examens. L'instauration d'une sixième semaine de congés payés viendrait pallier ces conditions défavorables par rapport aux salariés de l'entreprise et par rapport à leurs collègues en formation initiale.