Intervention de Jean-Pierre Winter

Réunion du mercredi 20 juin 2018 à 16h15
Commission des affaires sociales

Jean-Pierre Winter, psychanalyste :

Monsieur Chiche, je me demande comment vous saviez que j'allais parler de M. Pierre Legendre, au point d'avoir fait cette citation totalement hors contexte et, à mon avis, de façon plus militante que sérieuse. Dans cette citation que vous avez rapportée, le mot important me paraît être « fantasme ». Quand on interroge une personne, dans le cadre d'une enquête sociologique, par exemple, sur les motivations d'un acte, elle va donner des raisons qui ne sont pas forcément celles qui l'ont poussé à agir sur le moment, généralement à partir d'un fantasme. Comme le fantasme est inconscient, il faut faire un certain travail pour le débusquer. Je ne vais pas m'étende là-dessus. Je veux seulement vous dire que je trouve un peu osé d'avoir rapporté cette citation.

J'en viens à ce qui me paraît être le point important. En quoi est-ce qu'un homme comme moi, qui a eu des enfants par des voies que l'on pourrait qualifier de traditionnelles, est-il concerné par le fait que des femmes entre elles ou des femmes seules, voire plus tard des hommes entre eux réclament des enfants ? En quoi la PMA pour toutes me concerne-t-elle ? C'est un argument que l'on entend très souvent : vous n'êtes pas concerné dans la mesure où il s'agit d'ajouter des droits aux droits. Pourquoi vous en mêlez-vous ?

Voilà ce que j'ai pu théoriser ou élaborer à ce propos. Comme chacun d'entre nous, je suis particulièrement concerné. Quel message serait envoyé à la société si vous vous avisiez d'accorder la PMA pour toutes ? Cela n'a rien à voir avec l'adoption qui est un autre problème. Dans toutes les familles, on enverrait le message suivant : un père, c'est superflu, cela ne sert à rien ; on peut très bien s'en passer ; l'important, c'est d'avoir un spermatozoïde. Un tel message produit des effets sur tous nos enfants sur un plan fantasmatique mais aussi sur un plan réel. C'est en cela que je suis concerné.

Mes petits-enfants ou d'autres enfants que je reçois en consultation ont déjà des livrets sur lesquels les mentions de père et mère sont remplacées par celles de « parent 1 » et « parent 2 », comme l'a souhaité le conseil municipal de Paris. Cela pose d'énormes problèmes. Qu'il le veuille ou non, chacun d'entre nous va être concerné par les modifications qui seront apportées dans la filiation. Je suis concerné, nous sommes tous concernés et nous devons tous être vigilants quand de telles propositions seront mises aux voix.

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