Certains intervenants ont exprimé la crainte que la PMA pour toutes soit une négation de l'homme ou du père. Cette crainte me semble fondée sur un postulat erroné. Cela est flagrant dans le cas des femmes seules : il n'y a pas de père à l'instant t, mais il peut très bien y en avoir un plus tard, voire parfois avant même la naissance de l'enfant voulue. Il me semble qu'il n'y a pas une volonté des femmes de se passer de père, mais une volonté de ne pas le choisir par défaut, et également le souhait d'aller au bout de leurs droits à disposer librement de leur corps. Contrairement à ce qui est sous-entendu, il s'agit donc d'un profond respect pour la notion de famille. J'ai peut-être tort, mais j'ai l'impression que vous craignez plutôt de ne pas pouvoir modéliser la notion de famille.
Je souhaitais vous interroger sur la conservation des ovocytes. Dans son rapport paru l'année dernière, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) se disait opposé à l'autoconservation des ovocytes. En France, cette technique est réservée aux femmes gravement malades, dont la fertilité est compromise, ou aux donneuses d'ovocytes. Les conclusions des États généraux de la bioéthique, publiées ce mois-ci, montrent que les Français sont plutôt partagés sur le sujet. L'Académie des sciences a publié un rapport, l'année dernière, qui assurait que la conservation des ovocytes ne contribuait pas, par elle-même, au recul de l'âge des grossesses, et qu'elle ne présentait pas de risque médical. Elle a cependant invité le législateur a mieux l'encadrer.
Aujourd'hui, après l'appel lancé tout à l'heure par M. René Frydman sur la nécessaire information préventive en matière de fertilité, serait-il possible que vous nous rappeliez les enjeux de ce débat en termes de bioéthique, et que vous nous fassiez connaître vos positions sur une évolution législative possible s'agissant de cette technique ?