Il me semble important – ce qui ne vous surprendra pas de ma part, chers collègues – d'adopter une vision dialectique des choses. Tous les propos tendant à développer une vision idyllique et paradisiaque des réalités de l'apprentissage me semblent à côté de la plaque.
Certes, celui-ci peut constituer une expérience très heureuse. Pour les jeunes qui s'y épanouissent et y trouvent leur voie – et il y en a – , cela peut être formidable. Mais l'apprentissage peut aussi être difficile.
Lorsque je me suis exprimé tout à l'heure, j'avais à l'esprit – peut-être l'émotion n'était-elle pas palpable – les visages de gens que j'ai croisés au cours de mon existence, certains récemment encore. Il faut prendre en compte la complexité de cette réalité, donc prévoir des droits et des garanties.
Tel est le reproche que j'adresse au projet de loi que vous avez mis sur la table : il supprime les droits et les garanties, et permet également le développement d'une conception de l'apprentissage – qui n'est sans doute pas la vôtre, du moins je l'espère – selon laquelle celui-ci a vocation à fournir une main-d'oeuvre docile et peu chère.
Les conditions de rémunération des apprentis au cours de leur formation constituent un sujet important. Par ailleurs, 28 % des contrats d'apprentissage sont rompus, le plus souvent en raison d'un abandon. Ce sont des chiffres, une réalité que nous devons prendre en compte en légiférant.
Je conclurai en vous invitant à consulter les résultats des enquêtes sur la situation des apprentis menées récemment par la JOC, la Jeunesse ouvrière chrétienne, dans le cadre de la campagne « L'emploi digne, un droit pour tous ». La parole est donnée à des apprentis, qui peuvent ainsi exprimer des aspirations et des revendications au sujet de leur situation. Je pense que cela pourrait inspirer nos travaux.