Les conditions d'indemnisation sont désormais si restrictives que, selon les prévisions, seuls 40 000 démissionnaires pourraient être concernés. Dans une vision uniquement comptable, le Gouvernement a donc cédé aux pressions du patronat, qui refusait évidemment d'ouvrir ce droit à l'indemnisation aux démissionnaires. Pourtant, selon une étude de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques – DARES – , 16 % des CDI ont été rompus en 2015 à l'initiative du salarié démissionnaire, moins d'un an après la signature du contrat.
Ce fort taux de rupture s'explique notamment par l'inadéquation entre le poste et les attentes du salarié, ou encore par des conditions de travail ne permettant pas un épanouissement personnel, familial et professionnel suffisant. Comme l'a rappelé M. Ratenon, le mal-être au travail est une réalité concrète. Or tous les salariés ne peuvent faire le choix de rompre leur contrat en raison des engagements financiers ou d u manque de moyens du foyer. Ils sont donc tenus de rester en poste et peuvent être confrontés à des souffrances professionnelles qu'ils auraient pu éviter par la démission et la recherche d'un nouvel emploi ou d'un nouveau projet professionnel. L'indemnisation des démissionnaires revêt donc un caractère de santé publique, et il paraît important que cette promesse de campagne, figurant dans le programme présidentiel, soit respectée.