Il a déjà été dit que le projet avait été présenté dans la précipitation. On a pointé à l'instant son caractère de patchwork. On a aussi souligné qu'une nouvelle fois, le fait majoritaire s'impose dans nos discussions à la manière d'un bulldozer. Tout cela est en effet regrettable.
Sur un sujet comme celui-ci, vous auriez pu chercher à nous rassembler autour d'une ambition pour la formation professionnelle, pour l'apprentissage, pour la lutte contre le chômage. Vous n'y êtes pas parvenus. Vous avez préféré rester fidèles à la politique du chamboule-tout que vous adoptez sur tous les sujets.
Si vous n'êtes pas parvenus à rassembler, c'est peut-être que vous n'en aviez pas l'intention, puisque, par nature, votre projet ne vous le permettait pas. C'est un projet de libéralisation – vous l'avez revendiqué – , de dérégulation, de déréglementation, de marchandisation de tout ce à quoi vous touchez, que ce soit la formation professionnelle ou l'apprentissage. Vous avez même revendiqué au cours de ce débat le fait d'enlever le pilote pour permettre au dispositif de mieux fonctionner, ce qui est assez croquignolet.
Au fil du texte, vous avez également choisi de casser des outils – certains méritaient d'être améliorés, d'autres avaient fait leur preuve – pour les remplacer par des instruments incertains dont nous ne savons pas s'ils produiront le moindre résultat.
En fin de compte, vous avez choisi d'établir l'État libéral, l'État passe-plats, qui organise la possibilité pour quelques-uns de reprendre l'antienne « Enrichissez-vous », donc de réaliser des profits grâce à des enjeux d'ordre général. Vous avez choisi de déléguer l'action publique au marché, au détriment du service et des enjeux. Au passage, je souligne que vous avez oublié les problématiques particulières liées à l'outre-mer, malgré les nombreuses propositions que vous avez reçues en ce sens.
On pouvait faire quelque chose de bien. Nous traitons du travail, de notre capacité à le rendre épanouissant, émancipateur. Nous parlons de l'éducation à travers la formation initiale ou la formation continue, de l'éducation permanente dont notre société a besoin pour relever les défis à venir : celui de la planète, de la transformation de nos modes de production et de nos modes de vie, celui du bien-être au travail. La question des métiers – du respect des métiers et du respect de l'oeuvre – était également au coeur de nos débats.
Nous sommes passés à côté de tout cela. Vous avez préféré réduire les droits dans tous les domaines. Il y avait certes un beau projet à faire. En définitive, vous n'êtes pas au niveau des ambitions que vous auriez dû porter.
Nous ne voterons donc pas le texte.