Peut-être les plus fervents savent-ils déjà qu'il s'agit du discours de Marseille, lors de la campagne présidentielle. La Méditerranée, disait-il alors, « est devenue notre honte », « le tombeau de la nécessité ». Je rejoins celui qui parlait alors, mais je voudrais apporter une précision. Au lyrisme de ces mots, il manque en effet la réalité concrète de ce tombeau : 40 000 morts ont été recensés depuis vingt ans dans cette mer. Pour ces 40 000 noyés, ce sont 40 000 cris désespérés dans la Méditerranée avant d'étouffer et de plonger pour toujours dans ce qui est devenu un charnier couvert par les roulements éternels de l'océan.