Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mercredi 25 juillet 2018 à 21h30
Immigration maîtrisée droit d'asile effectif et intégration réussie — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot, rapporteure pour avis :

… dit assez combien M. Macron a ravalé sa honte. J'imagine qu'il en est de même pour vous. Mais, en la matière, il faut savoir allier le sens des responsabilités au sens moral. En l'espèce, en nous présentant ce texte, vous n'avez ni l'un ni l'autre.

La réalité, monsieur le ministre d'État, est que les personnes qui migrent le font par nécessité, comme le disait Emmanuel Macron avant d'être élu Président de la République. Il faut donc, si nous souhaitons qu'ils ne se trouvent pas dans la triste obligation de s'arracher à leur pays, s'occuper de la nécessité qui les pousse à partir.

Mais, en attendant, si le sens des responsabilités vous habite, monsieur le ministre d'État, chers collègues, entendez la puissance de cette nécessité. Écoutez ce témoignage recueilli sous le nom de Gaoussou Dembélé, homme qui a risqué sa vie pour passer les barrières de l'enclave de Melilla en 2014 : « Les forces marocaines, même s'ils sont des millions, ils ne pourront pas nous stopper parce que nous sommes déterminés et, surtout, parce que nous sommes prêts à mourir. Oui, on est prêts à mourir et on est prêts à risquer notre vie, vraiment. [… ] Je pense qu'à ce moment-là, ils ont peur, nous, nous sommes presque des cadavres, des morts-vivants qui foncent. Le vivant a peur, la mort n'a jamais peur. [… ] Même s'ils mettent cent barrières et que c'est encore plus dur, on continuera à tenter. Nous, on s'en fout, on n'a pas peur de l'effort, on est prêts à tout donner, à laisser la vie. »

Je souhaite, dans ces débats, faire entendre la parole des premiers intéressés, de ceux qui viennent et, trop souvent, meurent sur la route. Où est donc cette fameuse « route de la liberté et de la responsabilité » qu'évoquait le candidat Macron dans le discours de Marseille ? Nous ne savons que trop qu'au fil du quinquennat, les mots perdent leur sens et finissent par renvoyer à leur contraire. En lisant le projet de loi asile et immigration, deux possibilités seulement se présentent à l'esprit : soit le Président a changé d'avis sur la question, …

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