Mes chers collègues, l'Assemblée nationale s'apprête à voter le passage de 120 à 90 jours du délai pour formuler une demande d'asile, alors même que les associations n'ont pas arrêté de le dire et continuent encore : ces délais sont intenables et ne tiennent pas compte du parcours des personnes exilées.
Après de nombreuses alertes, absolument rien n'est fait s'agissant de la rétention des enfants. Pire : il y a trois mois, vous nous expliquiez qu'un groupe de travail serait lancé à ce sujet ; trois mois plus tard, vous nous expliquez que ce travail n'a toujours pas été entrepris et qu'un travail sera rendu d'ici trois mois. Vous repoussez de nouveau à plus tard. Pendant ce temps-là, les chiffres continuent d'exploser : 304 enfants ont été retenus en 2017 ; les chiffres seront plus élevés en 2018.
Alors que la majorité et l'exécutif se sont indignés du traitement des enfants mexicains aux États-Unis, la France risque de passer à côté de l'opportunité de mettre fin à l'injustice et à la violence que constitue l'enfermement d'enfants, seuls ou accompagnés, sur son territoire. L'examen de ce projet de loi était pourtant une opportunité historique de mettre fin à cette pratique.
Ce texte nous entraîne dans une logique qui, afin de favoriser les expulsions, ne respecte plus les droits fondamentaux. Pour preuve, en plus de retenir les enfants, vous proposez désormais de créer un fichier des enfants. Le fichage d'enfants étrangers, ou d'apparence étrangère, est une mesure prônée par la droite la plus extrême depuis des années – je pense, par exemple, au maire de Béziers qui propose le fichage d'enfants musulmans.