Intervention de étienne Gangneron

Réunion du mardi 3 juillet 2018 à 16h15
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

étienne Gangneron, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) :

Vous recentrez le débat sur le thème de cette commission. Pour ma part, j'ai été un peu surpris de voir que la discussion avait dévié sur la PAC et d'autres sujets. Aussi il est important que vous recentriez le débat sur les thèmes de cette commission qui sont eux aussi importants.

Nous sommes aujourd'hui sur la refondation du modèle de distribution des produits alimentaires, et c'est un peu ce qui a été illustré dans le cadre des EGA. C'est un modèle qui fonctionne depuis plus de quarante ans et qui a permis à quatre ou cinq acteurs économiques d'être des leaders, de tout maîtriser et de gagner beaucoup d'argent. Il est assez compliqué de changer de modèle en claquant des doigts, et on a bien vu, lors de ces États généraux de l'alimentation, que quelques acteurs freinaient cela très fortement. C'est l'une des complexités du sujet qui nous occupe aujourd'hui. D'ailleurs, j'en profite pour vous dire que la FNSEA espère que la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire aboutira, cela afin d'éviter de nous renvoyer après l'été. Donc de repartir sur une négociation commerciale avec la grande distribution selon le modèle d'antan, c'est-à-dire avec cette pression maximale qui prévaut depuis quarante ans. C'est maintenant qu'il faut agir. Je sais bien que c'est compliqué et qu'il y a quelques points de blocage entre votre Assemblée et le Sénat. Mais pour nous, l'enjeu majeur c'est d'avancer relativement vite, notamment par rapport à la grande distribution qui sera très heureuse de voir que tout cela est renvoyé à l'automne.

Dans l'atelier 9 des EGA, on n'a pas beaucoup parlé des différents modes de production – agriculture bio, conventionnelle, de conservation. Le vrai sujet, c'est la transformation des produits. J'ai lu les interventions de tous les interlocuteurs qui sont venus devant vous, notamment ceux de l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA). On a bien senti qu'un certain nombre d'opérateurs industriels avaient beaucoup de mal à accepter que les choses bougent. Aujourd'hui, il y a clairement une problématique qui se pose avec le trop gras, le trop salé, le trop transformé. C'est pourquoi, en tant qu'éleveurs, nous sommes complètement abasourdis de la remise en cause de la consommation de protéines animales. Dans la grande majorité des cas, en effet, la viande n'est absolument pas transformée. Des aliments comme le blanc de poulet ou le steak sont très intéressants, très riches en protéines et ils ne contiennent aucun additif.

Nous sommes surpris que le projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire ne contienne aucune mesure coercitive sur les publicités alimentaires de la grande distribution qui génèrent des tonnes de papier jetées chaque jour. C'est quelque chose de totalement monstrueux qui ne sert à rien, qui n'apporte rien et qui ne fait qu'entériner la guerre des prix. Même si nous avons besoin de l'industrie agroalimentaire pour transformer nos produits, il faut imposer un seuil pour éviter de recourir à des additifs. D'ailleurs, il est étonnant, hallucinant même de voir que les vegans utilisent autant d'additifs pour compléter leur alimentation sans viande. Les représentants des producteurs d'additifs étaient présents aux ateliers des EGA, notamment à l'atelier 9, mais ils se sont très peu exprimés. C'est une activité qui connaît un développement exponentiel, de l'ordre de 40 % à 50 % chaque année. C'est du grand n'importe quoi et un sujet qu'il faudra approfondir. Nous sommes favorables à ce que les entreprises puissent porter des initiatives sans que les mesures soient nécessairement obligatoires. Mais il faut aller un peu plus loin maintenant.

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