Intervention de Alain Sambourg

Réunion du mardi 3 juillet 2018 à 16h15
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Alain Sambourg, agriculteur et membre du conseil d'administration de la Coordination rurale :

Je vais prendre deux exemples. Le premier concerne le groupe Soufflet qui a signé la Charte LU'Harmony. Aux termes de cette dernière, vous faites du blé, vous achetez l'essence, vous achetez la phyto, vous achetez l'engrais et, là, on vous donne peanuts : 2 euros ! L'engagement de l'agriculteur, même s'il s'agit d'une contractualisation à petite échelle au vu de tout le blé que LU peut écraser, se répercute jusqu'au consommateur. Ce n'est pas normal et il faut dénoncer ce système sur lequel on met un drapeau français.

Deuxième exemple, concernant la betterave : ce n'est pas la grande surface qui est en cause mais le transformateur, les grosses coopératives – sur lesquelles le Sénat n'a rien trouvé à redire. Nous avons signé un contrat de production l'année dernière pour un engagement sur un prix de base et la coopérative – donc, je le répète, le transformateur – met tout à plat et considère que le prix du sucre ayant chuté, il faut diminuer la production de betterave.

J'ai participé, il y a quatre ans, à des négociations sur la loi de modernisation de l'économie (LME) et la loi de modernisation de l'agriculture (LMA), où on a bien séparé les négociations entre producteurs et transformateurs puis entre transformateurs et consommateurs. Or vous pensez bien que le transformateur et la grande surface ne veulent pas d'agriculteur pour faire des accords tripartites. Certes, Carrefour et Lidl convient les agriculteurs à la table de négociations tripartites, mais c'est rare, car dans le cadre de tels accords il faut partager la valeur, l'agriculteur estimant : « Vous me prenez mon produit, vous le transformez, vous le vendez mais moi j'ai ma part dans ce processus. » C'est trop facile de bouffer sur le dos des autres car il faut dire aussi qu'un contrat entre un agriculteur et un transformateur dure cinq ans et qu'un contrat entre un transformateur et un grand distributeur dure un an avec une possibilité de révision au bout de six mois au cas où les prix évoluent. C'est honnête, ça ? Non, et aucun homme politique n'a décidé de prendre les mesures qui s'imposent ; seules les ont prises les grandes enseignes qui veulent de la production tracée et de qualité et qui s'engagent avec le transformateur – c'est le sens, dans le secteur du lait, de l'opération « C'est qui le patron ? », fruit d'un accord tripartite entre producteur, transformateur et distributeur et qui revalorise à mes yeux la profession agricole.

Pour ma part, si je veux qu'à partir du blé que je produis on fabrique de la farine dont les paquets portent les mentions « sans fongicides », « sans insecticides », je participe à la chaîne. Il n'y a aucune raison pour que le transformateur fasse sa publicité avec mon blé et sur mon dos ! Et en plus, le fait de participer à la chaîne rend service au consommateur puisque le producteur s'engage en même temps que le transformateur et la grande surface.

En agriculture, on nous retire des produits phytosanitaires français. Mais est-ce que, dans l'agro-alimentaire, on est capable de retirer des ingrédients qui sont nocifs pour la santé ? C'est un secret professionnel… Nous, en agriculture, nous ne pouvons pas nous prévaloir du secret professionnel, mais les groupes agro-alimentaires, eux, le peuvent, ce qui leur permet de ne pas dévoiler la composition de leurs produits. Il faut donc en la matière faire preuve de courage politique. L'agriculteur s'engage à ne pas utiliser un produit retiré du marché mais, du fait du secret professionnel, on ne peut pas savoir si l'entreprise agro-alimentaire procède à telle ou telle adjonction dans le processus de transformation. C'est d'autant moins normal que la santé du consommateur est en jeu. Je regrette, mais les nanoparticules dans les bonbons des enfants devraient être retirées car je vous rappelle que les nanoparticules sont à base de titane.

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