Intervention de Maria Pelletier

Réunion du jeudi 12 juillet 2018 à 9h15
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Maria Pelletier, présidente de Générations futures :

Nous disposons de moins d'études sur les additifs que sur les pesticides ; notre connaissance est donc moindre. Nous savons cependant, qu'il serait facile de supprimer les trois quarts des produits chimiques de synthèse utilisés.

Nous parlons à tort d'agriculture biologique. Nous devrions parler d'alimentation biologique, puisqu'une réglementation impose la non-utilisation, du sol à la table, de produits chimiques de synthèse. Un certain nombre de transformateurs en agrobiologie, depuis trente ans, n'utilisent pas ce type de produits.

La course aux prix bas et le marketing sont à la base de l'utilisation de ces produits annexes. Ils permettent, pour des monocultures, d'obtenir des goûts, des couleurs et des présentations différents. Or cela ne fournit pas à la population une alimentation saine. Mais il est possible d'en supprimer, et ce beaucoup plus facilement que dans l'agriculture.

Il est en effet très simple, pour un transformateur, de supprimer du jour au lendemain des produits annexes. Je peux vous citer l'exemple des huiles. En agriculture conventionnelle, la graine est imbibée de cinq ou six pesticides, puis des produits chimiques de synthèse sont utilisés tout au long de la chaîne de production. Ils sont de nouveaux utilisés pour le stockage, et pour extraire l'huile, l'agriculteur utilise du solvant, de l'acide sulfurique, de la lessive de soude, etc.

En agriculture biologique, tous ces produits annexes sont interdits : on ne travaille qu'avec des procédés physiques – on désherbe avec des herses, par exemple –, la conservation se fait par ventilation et réfrigération, et l'huile est extraite par extraction mécanique. Certes, moins d'huile est extraite, mais les tourteaux peuvent être utilisés en nutrition animale de façon correcte. Beaucoup moins de médicaments allopathiques sont utilisés pour les élevages en agriculture biologique, les productions animales étant gérées de façon différente. Cet exemple montre qu'il est très simple de changer la donne.

Par ailleurs, les usines qui font de l'agriculture biologique sont très modernes. Ce n'est pas parce qu'on cultive du bio que l'on retourne quarante ans en arrière. Et la qualité nutritionnelle est meilleure, puisque les produits chimiques de synthèse, dont on ne connaît pas forcément encore l'impact, notamment quand ils sont utilisés massivement, ont été supprimés.

Concernant l'affichage des produits, on ne parle jamais de tout ce qui a été mis dans les matières premières qui entrent dans leur composition et qui ont une incidence fondamentale sur les nutriments.

En quelques décennies, l'agriculture conventionnelle a entraîné la suppression des trois quarts des petites et moyennes entreprises (PME) sur le territoire. Nous sommes non pas dans un système de filières, mais d'intégration. C'est-à-dire que les collecteurs de matières premières, en éliminant les PME, disposent maintenant de monopoles ; ce qui a une conséquence sociétale, environnementale et sur le monde agricole, les productions étant imposées aux agriculteurs. Nous devons à tout prix revenir à de la biodiversité.

Par ailleurs, les animaux, tels que les volailles et les porcs, ont des besoins biologiques d'acides aminés. En agriculture conventionnelle, ce sont des acides aminés de synthèse qui leur sont donnés, alors qu'en bio ce sont des pois, de la féverole et du lupin. Grâce au bio, la diversité sera beaucoup plus importante sur le territoire. Elle permettra d'assurer des revenus corrects aux agriculteurs et aura un meilleur impact pédoclimatique. En outre, une diversité permettra à l'agriculteur de sauver certaines productions si le climat est rude durant l'année.

Un travail de fond doit être mené. Les politiques peuvent décider de supprimer un grand nombre d'adjuvants utilisés tout au long de la chaîne alimentaire sans que cela pose de problème, car même si mettre des matières premières agricoles a un coût plus élevé que de mettre des appétants et des colorants, le coût en termes de santé publique et d'environnement est, lui, bien plus grand.

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