Depuis ma prise de fonction, je n'ai saisi qu'une seule fois le procureur de la République au titre de l'article 40 du code de procédure pénale pour une infraction prévue par la loi de 1881 : elle concernait un rappeur qui, dans une vidéo, appelait au lynchage et au meurtre d'un policier. Pourtant, j'ai connaissance quotidiennement, par les notes des services de renseignement, de multiples suspicions ou commissions d'infractions pénales ; mais, comme mes prédécesseurs, je considère que c'est à ceux qui sont en responsabilité dans leurs administrations, au plus près du terrain, de recueillir les éléments permettant de justifier la transmission d'un signalement au titre de l'article 40.
Quatrième point : pourquoi n'avoir pas saisi l'inspection générale de la police nationale (IGPN) le 2 mai ?
Comme je vous l'ai indiqué, je m'étais assuré le 2 mai que tant le cabinet du Président de la République que la préfecture de police avaient été destinataires de l'information de la vidéo mettant en cause M. Benalla. Il leur appartenait donc d'agir : c'est la règle pour tous les manquements.
Ce n'est que le 18 juillet, après la parution d'un article dans Le Monde apportant des éléments nouveaux et la découverte de nouvelles images montrant M. Benalla équipé d'un brassard portant l'inscription « Police » et doté d'une radio que je considère qu'il est nécessaire d'en savoir plus. Je demande donc à mon directeur de cabinet de saisir l'IGPN, ce qui a été chose faite dans l'après-midi du 19 juillet.
Je voudrais terminer en vous disant ceci : je suis attaché à ce que toute la lumière soit faite grâce aux différentes enquêtes en cours. Je le suis d'autant plus que les forces de l'ordre ont été légitimement affectées par cet épisode. Vous me permettrez de conclure cette intervention en leur rendant un hommage appuyé. Nos policiers, nos gendarmes prennent chaque jour tous les risques pour assurer la sécurité des Français, pour faire en sorte que partout s'applique l'État de droit. Ils agissent dans des conditions souvent très difficiles avec un sens de la déontologie, j'allais dire un sens de l'État, qui force le respect.
Alors, mesdames, messieurs les députés, jamais je n'accepterai que quiconque usurpant l'identité d'un policier ou d'un gendarme jette le discrédit sur nos forces de sécurité, car ce sont elles et elles seules qui sont les garantes d'un ordre républicain qui doit être le même pour tous. Oui, ce sont nos policiers et nos gendarmes qui ont à défendre au quotidien les valeurs de la France.