J'ai vécu leur parcours de l'intérieur, ressenti leurs craintes, et me suis aussi réjoui avec eux les rares fois où l'issue a été favorable. Je témoigne qu'ils travaillent aujourd'hui et participent sans problème, avec leurs enfants, à notre vie collective. Ce qui a été possible pour moi et pour eux me rend fière d'être française et encore plus d'être députée, mais c'est aussi ce qui me rend vigilante s'agissant de ce projet de loi.
En effet, ce texte est important parce qu'il touche directement au sort de la vie des requérants et qu'il est éminemment d'actualité – rappelons-nous de l'affaire de l'Aquarius. Je ne nie pas que certaines des mesures proposées sont intéressantes, notamment la fin du délit de solidarité et celles sur les conditions d'accueil, sur le regroupement familial, sur la formation et sur le travail – quand la demande est acceptée. Mais cela n'a pas suffi à me convaincre. J'ai réagi sur de nombreux points tout au long de cette nouvelle lecture, notamment le droit de recours, la rétention de mineurs, la problématique particulière de Mayotte, la visioconférence obligatoire, l'absence d'aide juridictionnelle lors de certaines convocations et le raccourcissement des délais de dépôt ou de recours pour les demandeurs d'asile. Selon moi, la loi doit protéger tout le monde, mais particulièrement le plus fragiles. En l'espèce, cet objectif ne me semble pas pleinement atteint.