Intervention de Michèle Crouzet

Réunion du mercredi 18 juillet 2018 à 11h00
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Crouzet, rapporteure :

Dans le cadre de plusieurs auditions, nous nous sommes polarisés sur les produits trop sucrés, trop salés ou contenant trop d'acides gras.

Madame, pourriez-vous nous apporter des précisions sur les taxes sodas 1 et 2 ? Sur le plan publicitaire, la consommation de cinq fruits et légumes par jour a été mise en avant. Mais il convient d'admettre qu'en règle générale, ce genre de publicité touche les catégories socioprofessionnelles favorisées, qui achètent déjà ces produits alors que les catégories socioprofessionnelles moins favorisées en consomment moins. Avez-vous noté un impact efficient de ce genre de publicité sur le long terme ou, au contraire, n'ont-elles que peu d'impact dans la mesure où une même catégorie de personnes est ciblée ?

Nous nous sommes rendus à Bruxelles cette semaine. Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) a indiqué que l'Union européenne devait établir des profils nutritionnels afin de s'assurer de la qualité du produit premier avant d'y apposer une allégation. Cela fait dix ans que ces travaux devraient être faits, ils ne l'ont pas été et les allégations se font sur des produits qui ne sont pas toujours bons à l'origine. Avez-vous des éclaircissements à nous apporter ?

Nous sommes très contraints par l'Europe, sachant, toutefois, que la France peut prendre des dispositions et légiférer.

La Belgique s'est emparée du problème de santé publique en concluant des accords avec le ministère de la santé et de l'industrie agroalimentaire pour réduire de 5 % le nombre de calories contenu dans un produit. Nous avons auditionné des personnes qui nous ont dit que l'on pouvait retirer 30 % de sel des aliments sans en modifier le goût.

S'agissant du sucre, nous avons étudié les céréales du petit-déjeuner. D'ailleurs, le terme de « céréales » est un non-sens : les céréales sont devenues des bonbons et sont très loin d'apporter des fibres. La céréale de base, la matrice du produit, a été détruite. Aussi les produits sont-ils dénaturés et ne remplissent-ils plus les conditions nutritionnelles d'origine. L'appellation de céréales ne devrait plus être apposée sur ce type de produit. Ne parlons pas de la publicité qui se sert de bandes dessinées et de petits animaux ! Nous savons qu'il faut réduire les publicités. Pouvez-vous nous apporter un éclairage ?

Certains industriels très volontaires veulent inscrire le Nutri-Score sur leurs produits et nous demandent de les aider parce que ceux qui ne les utilisent pas dérapent.

Le sucre est une drogue. Les tests réalisés montrent qu'entre la cocaïne et le sucre, les souris choisissent le sucre. Cela illustre la gravité du problème. Il faut diminuer progressivement les doses de sucre dans l'alimentation pour que le consommateur accepte un goût moins sucré. Il faut introduire des curseurs et faire en sorte que la loi devienne efficiente.

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