Intervention de Claire Desforges

Réunion du mercredi 18 juillet 2018 à 11h00
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Claire Desforges, responsable des affaires publiques de la FFD :

J'ai parlé de la « taxe sodas 2 », celle soutenue par votre collègue Olivier Véran. Je ne dis pas qu'elle ne sert à rien, si ce n'est qu'il convient d'en augmenter le montant pour qu'elle soit dissuasive vis-à-vis des consommateurs, notamment les plus précaires, et de dédier l'intégralité du produit de cette taxe à des mesures de santé publique. Par exemple, pourquoi ne pas le consacrer à favoriser l'accès à des produits sains, tels que l'eau, la salade verte ou les oranges ? Il est anormal que le distributeur automatique d'une gare propose au même prix la canette de Coca-Cola et la bouteille d'eau.

S'agissant de la bonne information, des études montrent l'impact négatif des publicités dans la consommation de produits alimentaires peu sains. Plus compliqué, des études démontrent que des messages tels que « Mangez cinq fruits et légumes » ne sont pas toujours efficients.

Récemment, une professeur de marketing social nous a dit avoir rencontré aux États-Unis une mère de famille qui occupait deux emplois pour subvenir aux besoins de ses enfants. Alors qu'on l'incitait à cuisiner avec des produits frais, meilleurs pour la santé de ses enfants, elle a répondu qu'elle occupait deux emplois et qu'une fois à la maison, sa priorité était de les aider à faire leurs devoirs. Il faut prendre garde à cibler l'information en fonction des publics. Le message est différent selon que l'on cible des jeunes ou des personnes d'un certain âge, des publics défavorisés ou des publics de classes sociales supérieures.

L'information du consommateur doit prendre un nouveau virage, qu'il s'agisse des campagnes de Santé publique France ou de celles lancées par nos institutions. Nous pouvons multiplier les canaux d'information et construire des messages ciblés. La télévision est un support intéressant, mais il faut trouver d'autres outils pour porter cette information. Nous avons évoqué l'école où les enseignants ont un rôle majeur à jouer ; je pense également à l'entreprise.

La Belgique a fait baisser de 5 % le nombre de calories dans les produits. Certes, c'est peu, mais cela démontre qu'en réfléchissant ensemble, des accords volontaristes peuvent être trouvés sans passer obligatoirement par la réglementation et la restriction. Il convient également de travailler avec des industriels volontaires. Les premiers à avoir adopté le Nutri-Score ont des difficultés aujourd'hui à convaincre leurs confrères à utiliser ce logo nutritionnel. Peut-être la loi a-t-elle un rôle à jouer quand la démarche volontariste ne fonctionne pas et que des industriels se retrouvent en difficulté. Nous appartenons à l'Europe, certes, mais la France ne devrait-elle pas jouer un rôle pionnier pour défendre et étendre cette démarche volontariste afin qu'elle devienne obligatoire ?

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